Méthode de référencement bibliographique

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L’on m’a dit d’orienter mon exposé vers la méthodologie ; de la méthodologie, il y en aura tant dans ce que je vais vous dire que le titre de ma thèse n’apparaîtra que par figure, il faut m’en excuser : aujourd’hui je digresse ! Ma captatio benevolentiæ est toute trouvée : je vais vous parler d’internet. Avec un tel thème, l’aspect méthodologique – singulièrement tristounet – se présente sous son meilleur jour et sourit.

Il fallait qu’il sourît parce que le thème précis que j’ai choisi d’aborder avec vous est quant à lui aride : il s’agit de la bibliographie… Heureusement donc que mon discours se pare des vertus attractives sinon hallucinatoires du label « nouvelle technologie ».

À la fin de ma première année de thèse, j’ai encore peu avancé dans le vif du sujet mais je constate déjà l’importance de la ressource documentaire virtuelle pour améliorer ou étendre les informations que fournissent les imprimés traditionnels.

Aussi, je vous propose aujourd’hui quelques réflexions sur ce par quoi toute thèse commence : la lecture, ou plutôt l’établissement de la bibliographie, même si cette partie se retrouve, une fois la thèse achevée, repoussée à la toute fin du (ou des) volumes présenté(s).

Vous me direz : la façon d’établir sa bibliographie est connue, archiconnue, classique. Mais je vous répondrai : quelle méthode appliquer aux documents disponibles sur l’internet ? Une fois trouvée l’information utile à votre travail, comment s’y référer soi-même en y renvoyant le lecteur par la même occasion ? Et si je parle bien de méthode à appliquer, c’est que les difficultés assaillent autant l’internaute qui doit bien par la force des choses se faire documentaliste que le documentaliste qui doit, bon an mal an, se frotter à l’internet…

Le plan que nous suivrons sera simple : nous procéderons suivant les catégories traditionnelles de la bibliographie des imprimés, afin de voir si ces cadres, anciens, craquent ou non appliqués à l’internet. Et pour faire bonne mesure, je digresse très rapidement en disant deux mots de la bibliographie que je vous propose : je l’ai voulue très récente et francophone pour qu’elle soit plutôt succincte ; elle est par ailleurs disponible sur le ouèbe. Mais – car il y a un « mais » – premièrement, les règles données sur ces pages se contredisent parfois et, deuxièmement, je vais parfois les battre en brèche… Heureusement, car ce que je vous dirai n’aura d’intérêt que si justement vous ne le retrouvez pas ailleurs. La première référence donne la norme professionnelle des documentalistes, mais c’est une norme internationale. 3 références sur 5 viennent du Canada, sans doute parce que leur place d’interface entre États-Unis et francophonie les obligent à rapidement statuer sur les nouveautés venues d’internet et de la langue anglo-américaine.

Vous vous demandez sans doute quelle compétence j’ai pour aborder un sujet certes méthodologique mais qui est vaste (au moins, il vous intéresse tous) et qui dépasse le sujet propre de ma thèse. Tout bonnement je compte proposer une trentaine de références bibliographiques virtuelles dans ma thèse après deux-trois semaines de recherche sur le ouèbe ; ensuite, je suis depuis 1996 le webmestre d’une page personnelle consacrée à Charles Péguy : http://www.eleves.ens.fr:8080/home/vaisserm/index.html

 

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L’AUTEUR. – Assez souvent, les nom et prénom de l’auteur n’apparaissent pas sur un site ; souvent l’internaute n’obtiendra qu’une adresse électronique ou qu’un pseudonyme du responsable du site… Les cas où l’identité de l’auteur est mentionnée, notamment dans les balises « méta » du document source, existent Dieu soit loué mais, justement, ne nous intéressent pas ! Examinons donc les deux cas problématiques : beaucoup n’hésitent pas à renvoyer à un courriel et, en revanche, hésitent à renvoyer à un pseudonyme. À mon avis, ils ont deux fois tort ! Qu’est-ce que renvoyer à un courriel ? C’est comme si, à défaut de connaître un auteur, vous donniez en bibliographie classique son adresse postale : cela ne se fait tout simplement pas. Pas davantage dans la réalité que sur la toile… Au contraire, le pseudonyme, surtout d’usage exclusivement virtuel, ne fait pas sérieux – peut-être parce que souvent il laisse une grande part à la fantaisie. Mais rechigne-t-on dans les bibliographies surréalistes à attribuer à « Dada » un livre ? Pas besoin d’énumérer les pseudonymes fameux ; un pseudonyme virtuel est encore un pseudonyme et on le donnera faute de mieux, même dans une thèse, même s’il est fantaisiste. À l’inverse, si l’on sait qui se cache derrière lui, on fera bien de mentionner l’identité officielle de l’auteur mais sans gommer le pseudonyme utilisé ! Autre difficulté : le responsable du site s’identifie très souvent à l’auteur des textes hébergés, mais la mention « copyright » - efficace sur l’internet comme ailleurs – peut préciser l’origine des textes. Et rappelons que c’est pour la bibliographie, fût-elle virtuelle, une obligation juridique sinon déontologique que de donner l’identité de l’auteur si on le cite.

TITRE et SOUS-TITRE(S). – La balise « titre » du document source dans le champ « tête » a la particularité de donner au document en ligne un titre qui prend la place d’un en-tête, un peu comme dans une lettre. Ce titre s’applique au document dans son entier, et prend souvent une tournure publicitaire (un peu comme les bandes vantant les mérites des derniers romans parus en librairie). Mais un jeu de polices de caractère permet aussi d’inscrire dans le document lui-même dans le champ « corps » un titre et toute une série de sous-titres propres. Que faire face à cette pléthore de titrages ? Même si les mots qui apparaissent au sommet de la fenêtre de navigation semblent extérieurs et superficiels, il s’agit là du vrai titre : les concepteurs des sites en décidèrent ainsi. Attention donc à ne pas recopier le sous-titre parce qu’il apparaît au début du document dix fois plus gros que le titre qui paraît lui au début de la fenêtre de navigation ! L’argument de la superficialité de ce vrai titre ne tient pas. N’y a-t-il pas de même des titres très vendeurs dans le commerce du livre, à 99F et plus ? Le reste est donc sous-titres plus ou moins hiérarchisés. Seule gêne technique résiduelle : notre titre ressemble beaucoup au titre courant, de par son positionnement, et parce que, quand on fait défiler le texte dans la fenêtre, lui reste immobile... Mais cette proximité est sans doute due au fait que, l’air de rien, les sites internet font disparaître le titre courant.

LIEU de la PUBLICATION. – Rappelons que, dans une bibliographie classique, la ville précède le pays. Tout est donc simple habituellement, en mettant de côté l’épineuse questions des divers États, régions et départements, voire du code postal précisant la commune dont il s’agit… Au contraire, internet vit sous l’égide de noms de domaines pas toujours géographiques ou qui paraissent géographiques mais ne le sont pas (comme diplomatie.fr). Que faire des .com, .net, .org ? Que faire même du futur registre .eu ou du résiduel .su ? Pays qui n’existe pas encore et qui n’existe plus ! ici comme ailleurs, il faut faire comme si on était en bibliographie classique. Verrait-on une bibliographie classique citer un livre du continent d’Amérique du Sud sans plus de précision ou d’Union soviétique ? Eh bien, réfléchissons-y : oui, justement, les bibliographies, à défaut de mieux, attribue parfois à un imprimé une provenance probable d’après le contenu, la mise en page, le papier… Et les ouvrages publiés du temps de l’URSS ne sont pas aujourd’hui cités comme venant de C.É.I. ou du Kazakhstan ! On résoudra nos deux cas litigieux par « Communauté européenne » et « ex-URSS » Le seul vrai problème, c’est quand on ne peut pas renseigner la case du lieu dans le cas des .com et autres registres opaques (« s. l. » n’est d’ailleurs pas si rare dans les bibliographies classiques). On se permettra d’attribuer à la lusophonie une page écrite en portugais ou à la France une page en .org consacrée à des realia franco-français… La nationalité de l’auteur, sa domiciliation personnelle, le lieu de son hébergeur (les hébergeurs étant de grands groupes internationaux), tout concourt à ce que la question du lieu perde de son importance sur internet, dont le principe est de rendre accessible à tout le réseau les informations, d’où qu’elles viennent. Pensez que je puis être Français, vivre et écrire un site au Japon, mais le publier en .com par un prestataire de service suisse !

ÉDITEUR ou IMPRIMEUR. – Ces entités font-elles de la résistance ? La distinction des deux semble céder devant une distinction nouvelle : un site peut être indépendant ou hébergé. Envisageons deux cas : j’utilise gratuitement ou pas (peu importe) www.multimania.com/vaissermann ou je me paie le nom de domaine www.vaissermann.com. Eh bien, c’est un peu l’équivalent des services d’un éditeur – ou plutôt comme celle d’un imprimeur, car l’assistance des hébergeurs n’est guère que technique – et d’une autoédition. Un distinguo qui paraissait très fortement lié aux conditions de production des imprimés, survit donc dans le monde virtuel, mais sous d’autres termes… Pour une fois que le documentaliste ne devient pas fou ! Que reste-t-il cependant de la mention d’une éventuelle collection ? Formellement, on serait tenté de rapprocher des collections ces répertoires qui définissent une adresse URL complexe. Les webzines – magazines sur le ouèbe – utilisent, de vrai, ces répertoires pour classer par numéros, par années leurs publications. Mais les éditeurs en ligne, les éditeurs de profession, ne suivent pas cet exemple. On voit mal par ailleurs une bibliographie décomposer l’adresse www.vaissermann.com/essais/index.html en collections (« essais ») d’un éditeur (« vaissermann »).

DATE (périodique et périodique en ligne) ou ANNÉE (livre et livre en ligne) de publication. – Bien sûr, le texte qui apparaît aujourd’hui sur le net peut avoir été écrit le 10 juin 1995, mis en ligne en juillet 1996, muni d’un copyright 2000 et disparaître demain ! Vaut-il donc la peine de noircir deux lignes de votre thèse pour mentionner un document si éphémère et indatable ? Eh bien oui, tout comme il faut, d’un point de vue scientifique, mentionner tel ouvrage écrit en 1940, publié comme samizdat en 1941, publié avec dépôt légal en 1946 et lu par vous avant que le dernier exemplaire n’en disparaisse dans l’incendie de la bibliothèque qui le conservait… Peu importe qu’il vous reste des notes relative au document, ou des photocopies de l’ouvrage ou un tirage papier du site : ce qui a existé n’existe plus mais, comme dirait Jankélévitch, rien ne peut faire qu’il n’ait pas été, donc le fait qu’il a existé est important. Il faut dater donc, mais comment y parvenir ? Comme pour les documents papier, on indiquera non la date de consultation (utile seulement à vous-même et encore, pas au jour près !) mais la date d’écriture, la date de première édition et la date de l’édition (ou du tirage) consultée. Ce qui s’appelle pour l’internet : date de l’écriture (elle est rarement mentionnée, mais peut apparaître dans le corps du texte), date de création de la page, date de la mise à jour (on trouvera ces renseignements dans le corps du texte ou dans le document source).

PAGINATION. – Outre les répertoires, qui peuvent être à un site ce que sont les parties, sous-parties et chapitres au livre, il n’existe pas de véritable pagination sur les sites en .html. Les documents téléchargeables, en .pdf ou en .rtf par exemple, usent toujours de la pagination traditionnelle. Comment faire face à une page très lourde en texte écrite en .html et dont l’on veut citer avec précision un élément ? D’abord, il faut savoir que la mise en page en .html comporte souvent, en cas de longue page déroulante, des ancres munies d’un identifiant (il suffit de donner l’adresse URL du site avec cet identifiant pour tomber sur le passage voulu). Notons en passant que les ancres ne sont pas sans rappeler ces repères d’imprimeur qui apparaissent tous les tant de pages dans les imprimés… À défaut d’ancres, l’internaute évitera de se noyer dans une grande page en comptant – habitude fort ancienne d’ailleurs – les paragraphes, en les numérotant sur sa version papier par exemple. Bien sûr, il ne faut pas compter les lignes, qui n’ont pas la même longueur suivant les fenêtres de navigation utilisées, à moins que l’on ait affaire à un document de mise en page figée – cliché numérisant un texte en mode image par exemple.

Passons maintenant à une illustration de nos conclusions.

Romain VAISSERMANN, Tout sur Péguy ! [2000], Paris, France, site des élèves de l’École normale supérieure, première édition : 1996, édition consultée : 2001, § 2

Surprise de notre étude, tellement grosse que l’on ne s’en aperçoit pas tout d’abord : l’adresse du site lui-même, à laquelle beaucoup réduisent la référence bibliographique électronique, n’est pas du tout nécessaire. À bien y réfléchir, l’adresse URL s’impose aussi peu pour identifier un ouvrage internet que la mention de son ISBN ou son ISSN dans une bibliographie classique ! Laissons à la B.N.F. les mentions maniaques et ennuyeuses des numéro d’ISBN et des adresses URL démesurées, indigestes et illisibles. Ne mentionnons l’adresse URL que dans les cas où l’on donnerait la cote d’un ouvrage imprimé conservé en archives. Avantage de cette impasse voulue : plus de risque de confondre adresses telnet, URL ou ftp ; plus non plus des contraintes orthotypographiques fortes qui régissent l’écriture des adresses électroniques : pas de coupure à la ligne, pas de ponctuation immédiatement après, problème du lien hypertexte…

Autre surprise : pas de cette mention qui sévit aujourd’hui on ne sait pourquoi – j’ai nommé l’expression immanquable « page consultée le… » ou « référence du… » Cette précision personnelle n’est absolument d’aucun intérêt ailleurs qu’en introduction de sa thèse, lorsque l’on présente le déroulement dans le temps de ses propres recherches ! La date de consultation aurait de la valeur si et seulement si elle permettait de retrouver une page disparue dont l’on connaît une date à laquelle elle existait – mais ce n’est pas le cas. On ne peut retrouver une page disparue même si l’on connaît une date où elle existait. Encore aucun archivage des sites n’est pour l’heure entrepris – sauf de façon très éphémère par certains moteurs de recherche et à la B.N.F. pour les sites des élections présidentielles de cette année (sauvegardés très probablement sans les échanges verbaux qui eurent lieu sur les forums de discussion). Une bibliographie traditionnelle serait ridicule à indiquer : « livre lu le 15 juin 2001 ». C’est le même ridicule qui frappe cette précision sur internet. Même dans le cadre d’une étude sur les sites éphémères de l’internet, on indiquera la période à laquelle la page a été consultable et non par vous consultée, et pas systématiquement au jour près !

On m’objectera que sans adresse ni date de consultation, il est difficile au lecteur de s’y retrouver. Non ! Il faut acquérir une culture de la recherche sur l’internet de même que l’on a une culture de la recherche en bibliothèque. Est-il vraiment si facile de trouver en bibliothèque un lire dont l’on a les références éditoriales et non la cote ? les fichiers, catalogues et autres usuels de nos bibliothèques ont chacun leur pendant sur l’internet : annuaires, bases de documentation électroniques, moteurs de recherche.

Sont-ils efficaces, ces outils ? J’ai pu constater qu’ils le sont même pour étudier la digression dans l’œuvre en prose de Charles Péguy ! D’abord, j’ai trouvé des titres nouveaux pour ma propre bibliographie (des titres d’imprimés et de sites internet). Ensuite, j’ai pu trouver facilement de nombreuses citations relatives à mon sujet, dans l’usage classique grâce aux bases textuelles et dans l’usage contemporain (et n’est-il rien de plus contemporain que le ouèbe ?). Enfin, internet m’a fourni des aperçus très suggestifs sur la notion de digression dans l’Antiquité et dans d’autres domaines linguistiques que la français de métropole. Internet constitue une mine d’or pour toute documentation ; la bibliographi-sation de ses ressources n’est pas plus compliquée que pour les imprimés traditionnels. Méthodes de recherche sur le ouèbe et méthodes de récupération bibliographique des données sont mâtinées de pratiques anciennes et de pratiques nouvelles.

Deux remarques accessoires pour finir : le première sur les courriers électroniques ; la seconde sur les bases de données en ligne. On peut s’envoyer par internet divers courriers électroniques : personnels ou livrés comme message aux groupes d’intérêts. De même que l’on peut citer dans un travail universitaire une lettre privée (avec l’autorisation de son auteur !) et a fortiori une lettre ouverte, un courriel se définira dans une bibliographie universitaire par : le nom de l’expéditeur, la date d’envoi (puisque la date d’arrivée par la poste disparaît !), le nom du destinataire, le titre (champ « sujet » du formulaire d’écriture du message électronique). La mention « message électronique » doit être préférée à l’expression « en ligne », impropre parfois. En ce qui concerne les bases de données en ligne (dictionnaires, encyclopédie…), la mention de la page de l’article n’a pas plus d’intérêt que pour les dictionnaires en version papier : il suffit de mentionner l’article concerné au lieu de préciser la page.

 

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Je constate qu’il me reste quelque temps de parole. Je vais sans doute l’utiliser pour vous présenter mes recherches sur la digression dans l’œuvre en prose de Péguy. Il me faudra sans doute, dans l’état présent de mon plan de thèse, commencer par un certain stade métaphorique des représentations de la digression : de grands philosophes ont si bien décrit la marche de la pensée du mythologique au positif qu’il me paraît de bonne méthode d’aborder mon sujet par une petite ornière. La digression, l’œuvre de Péguy en parle : première constatation. Comme le mot lui-même, le discours qui dévie du sujet par un excursus pour revenir au thème principal, la digression décrit le discours par l’image d’un chemin qu’un promeneur, le locuteur ou l’écrivain, suit puis délaisse. C’est l’image la plus fréquente. Il en est une autre : celle du soleil. La digression se dit de l’écart apparent entre la trajectoire d’une étoile par rapport au soleil. On voit tout de suite le parti que des écrivains, ces imaginistes, peuvent tirer de cette hypostase du discours linéaire académique en soleil de la raison logique. Péguy reprend une certaine part de cet héritage de représentations et s’attache surtout à la métaphore géographique.

Ensuite, il faudra analyser les divers temps de la digression. D’abord, le décrochage du fil du discours. Ensuite, le retour au droit chemin, ce retour étant en réalité facultatif. En passant par ce contournement qui peut être évitement stratégique (fonction polémique), désignation tacite d’un invisible centre (fonction philosophique), pur jeu avec le lecteur (fonction ludique). On ne serait pas tiré d’affaire lorsque l’on isole quelques expressions comme « d’ailleurs » ou « à propos » (formules de décrochage), comme « mais je me suis laissé emporté loin de on sujet » ou « revenons à nos moutons » (clausules). Tout le corps de l’excursus fait référence au sujet principal sans avoir l’air d’y toucher. Et à toute déviation langagière correspond un parcours unique : il faudra analyser l’itinéraire digressif par rapport au droit chemin (c’est ici la notion de niveau hypotaxique ou isotopique qui est essentielle) ; et toute déviation suit un parcours de longueur unique, dont il faudra bien donner des éléments de mesure quantitative… Aucune étude n’a encore suivit le digressif à la trace !

Enfin, il sera de bonne méthode de distinguer à la Prodicos, parmi les digressions, celles qui sont du domaine génétique et celles qui relèvent de l’œuvre achevée. Plusieurs cas se présentent en effet : 3 sur 4 nous intéressent. On peut obtenir un texte apparemment linéaire par de nombreuses digressions enchaînées au fil de la plume. On peut obtenir un texte digressif par un manuscrit linéaire sans rature ni ajout. On peut enfin obtenir un texte digressif à la fois dans le livre et sur le papier. Péguy semble pratiquer la digression dans ces trois ordres. Chez lui, la distinction porte ; dans les études que j’ai relevées de la digression chez d’autres auteurs, c’est l’absence de manuscrits qui empêche des études aussi détaillées. C’est justement le fonds du Centre Charles Péguy d’Orléans qui nous permettra d’exemplifier par l’étude d’une œuvre les combinaisons que l’écrivain peut produire entre ces deux ordres. C’est par ce détour concret au possible que j’espère pouvoir donner raison des digressions péguiennes, que l’on est tenté de rapprocher a priori de l’écriture d’un Pascal ou de la philosophie de Bergson.

 

Question 1 :

Internet doit-il vraiment entrer dans toutes les bibliographies universitaires ?

J’ai paru rire des « vertus hallucinatoires » de l’internet mais je ne peux souscrire à l’affirmation selon laquelle présenter une bibliographie en partie électronique ne ferait que « chic », sans intérêt scientifique. Aucun travail universitaire à mon sens ne peut plus faire abstraction des ressources documentaires virtuelles. La recherche  sur internet est indispensable à tout travail de thèse. Qu’il puisse exister des cas où cette recherche n’ait rien donné, soit ; alors, on prendra le soin, au moins, le soin de mentionner en bibliographie l’échec de la recherche sur le ouèbe. Il y a un point que je n’ai pas abordé et qui est lié à cette question : à savoir la place des renvois virtuels. Faut-il les séparer des autres références ou les mêler à elles ? Libre à chacun de choisir son point de vue, selon que les ressources virtuelles lui semblent du même ordre que les livres ou radicalement différentes.

 

Question 2 :

La digression est-elle un fait littéraire ou linguistique ?

Il y a deux choses. D’abord, les études portant sur la digression viennent avant tout de rhétoriciens. Les stylisticiens s’y mettent parfois. Les linguistes ne disent que des banalités sur la digression. Voilà pour les travaux déjà produits. Mais maintenant, est-ce que la digression en elle-même est linguistique ou littéraire ? À mon avis, primo elle est d’abord propre au langage – pas seulement à la langue (des études portant sur la digression au cinéma, en peinture…) ; et secundo elle est propre à la langue parlée et écrite communément et non seulement à la littérature. Il me semble donc que c’est à tort que les linguistes délaissent cette figure du discours.


La Digression dans l’œuvre en prose de Charles Péguy.

Méthode de référencement bibliographique

des documents en ligne

 

 

Bibliographie (pages consultées en juin 2002)

 

 

Comité technique ISO/TC 46, sous-comité SC 9, Norme internationale ISO 690-2. Information et documentation. Références bibliographiques, Ottawa (Ontario), Canada, 1997, partie 2 : « Documents électroniques »

http://www.nlc-bnc.ca/iso/tc46sc9/standard/690-2f.htm

 

François-Pierre GINGRAS, « Comment citer des sources sur internet dans un travail scientifique », pp. 7-10 dans Jennifer Haire, Bibliographie : comment citer des sources imprimées et sur internet, Ottawa (Ontario), Canada, Bibliothèque Morisset de l’Université d’Ottawa, 1998

http://www.uottawa.ca/~fgingras/text/citation.html

 

Chantal BOUTHAT, Lisette DUPONT et Denis ROUSSEAU, « Zoom sur les références aux documents électroniques », Biblio-Clip. Bulletin d’information des services des bibliothèques de l’UQAM, Montréal (Québec), Canada, Université du Québec, n° 25, janvier-août 1999, pp. 3-6

http://www.unites.uqam.ca/bib/Publications/Clip/BC25.pdf

 

Doc’INSA (service de documentation de l’Institut national des sciences appliquées), Guide de rédaction des références bibliographiques, Lyon, France, INSA, 2001, pp. 6-8

http://csidoc.insa-lyon.fr/docs/guide2001.pdf

 

C.D.P.S. (Centre de documentation du pôle scientifique), Bibliographie : les normes de rédaction, Angers, France, Université catholique de l’Ouest, 2002

http://www.uco.fr/services/biblio/cdps/biblio_normes.html

 

 

Exemple de référence simplifiée

 

Romain VAISSERMANN, Tout sur Péguy ! [1995], Paris, France, site des élèves de l’École normale supérieure, première édition : 1996, édition consultée : 2001, § 2