Charles
Péguy en russe
L’histoire des traductions de Charles
Péguy en russe, déjà assez longue, remonte au début du XXe siècle.
Du vivant de Péguy, rien à signaler sinon qu’Ehrenbourg, séjournant à Paris
entre 1908 et 1917, a fait un passage à la Boutique des Cahiers, entre
1910 et 1914[1] et qu’il
resta marqué par la rencontre de Péguy, qui lui déclara à cette occasion :
« Je connais un peu vos auteurs. Peut-être les Russes seront-ils les
premiers à renverser le pouvoir de l’argent. »[2]
Témoignent de cette forte impression son article « L’avenir de
l’Europe » paru dans Rouskiy goloss (La Voix de la Russie)[3],
sa traduction de quelques vers d’Ève dans l’anthologie posthume À
l’ombre des arbres. Vers de poètes étrangers dans la traduction d’Ilya
Ehrenbourg[4]
et surtout son poème « Après la mort de Charles Péguy » écrit fin
1914 ou en 1915[5], longtemps
méconnu mais présenté aux visiteurs de l’exposition « Paris-Moscou.
1900-1930 »[6].
La Russie tsariste découvrit Péguy
tardivement : en 1915 seulement, par de longs extraits de sa prose,
traduits et expliqués dans Rouskaïa Mysl’ (La Pensée russe)[7]
par un juif russe microbiologiste, connaissance de Péguy : Gerschon
Lvovitch Séliber (1877-1962). En Russie même, seuls ce Séliber, Anatole
Vassiliévitch Lounatcharski et Maximilien Alexandrovitch Volochine (1877-1932)[8]
— qui regrette sa mort et présente en 1916 son œuvre aux lecteurs de Ryétch
(La Parole)[9] —
semblent avoir présenté Péguy au public russe.
Qu’en est-il après la
Révolution ? Alors que, pendant la Grande Guerre, quelques extraits de la
prose sont traduits et que les vers célèbres « Heureux ceux qui sont
morts… » font connaître son patriotisme, force est de constater que
Péguy a été peu traduit en Union soviétique et aussitôt condamné pour ce
patriotisme, sentiment de la bourgeoisie dégénérée. Quelques alexandrins sur
Paris confirment que ce poète franco-français est « chauvin(iste) »[10],
quand Péguy n’est pas même qualifié de « fasciste »[11].
Bien que le patriotisme ne soit pas toujours condamné au pays des Soviets, la
religion y reste non grata, et Péguy est trop religieux en poésie pour
être apprécié. C’est chez les Russes émigrés que le poète sera donc traduit
d’abord. Mais, si beaucoup dans l’émigration connaissaient l’œuvre de Péguy,
cette familiarité ne datait pas d’avant l’exil : elle vint vers la fin des
années 1920.
C’est vraisemblablement à la
« Lampe Verte », aux soirées littéraires de ce club russe qui se
forma dès 1927, organisé par les Mérejkovski, que Youri Constantinovitch
Térapiano (1892-1980) se familiarisa avec Péguy, avant d’écrire lui-même une
introduction à son œuvre en décrivant l’homme « Charles Péguy »[12].
Mais qui découvrit Péguy le premier ? Peut être Dimitri Mérejkovski
évoqua-t-il le premier Péguy, qu’il citera passim dans le chapitre
« Sainte Jeanne et le Troisième Royaume de l’Esprit » de son cycle De
Jésus à nous[13]. Le ton
dithyrambique des lignes de Mérejkovski (Péguy est « le plus fidèle
chantre de Jeanne ») et de Térapiano (« un des plus grands poètes
français ») se retrouvera invariablement sous la plume des Russes émigrés
lorsqu’ils évoqueront Péguy.
Cette sympathie pour Péguy était due
apparemment aux efforts qu’entreprenait Marcel Péguy pour divulguer l’œuvre de
son père : Marcel fut un temps très proche de l’orthodoxie, fréquenta la
première paroisse orthodoxe de langue française à Paris, celle du père Lev
Gillet (1892-1980), où allait aussi la jeune génération russe : Nadejda
Alexandrovna Gorodetski (1901-1985), Vsevolod Borissovitch de Vogt (1895-1941),
grands lecteurs de Péguy[14].
Mais seul l’un de ces intellectuels de
l’émigration songea à le traduire : Ivan Ivanovitch Tkhorjevski
(1878-1951), apparemment hors de l’influence de Marcel Péguy ou du magistrat
péguiste Vladimir Abramovitch Rabinovitch, dit « Wladimir Rabi »
(1906-1981). Certains émigrés monarchistes purent lire grâce à Tkhorjevski des
morceaux de l’œuvre de Péguy pendant l’entre-deux-guerres. Tkhorjevski choisit
de Péguy la « Présentation de la Beauce à Notre Dame de Chartres »,
traduite sous le titre abrégé « à Notre Dame de Chartres » parmi ses
traductions de poètes français parues dans Vozrojdénié (Renaissance)[15]
puis réunies dans le recueil Nouveaux poètes de France[16].
Une
ligne d’introduction biographique précède cette traduction de 14 quatrains,
extraits de la « Présentation de la Beauce à Notre-Dame de
Chartres », donnés dans l’ordre (avec même les premiers et les derniers
quatrains) mais sans indication de coupures ; dans l’œuvre originale ce
sont les strophes 1-3, 5, 11-13, 25-27, 85 et 87-89.
La traduction de l’extrait de la
Présentation de la Beauce de Tkhorjevski conserve la beauté de l’original
grâce à une rime et à un rythme proches du texte de Péguy, au choix recherché
du lexique. Elle se lit comme un poème indépendant, comme s’il ne s’agissait
pas d’une traduction. Tkhorjevski était poète lui-même et, si l’on fait
l’analyse précise de sa traduction en la comparant avec l’original, on aperçoit
qu’il n’est pas toujours fidèle au texte source : il change la tonalité du
texte en le faisant commencer par une adresse directe à Notre-Dame :
« À Toi, étoile de la mer ». Le ton du poème se fait encore plus
intime que chez Péguy, qui décrivait la route du pèlerinage somme toute
prosaïquement. Ce n’est que vers la fin que le poème devient de plus en plus
confidentiel. Comme le but du traducteur était de donner une image de tout le
poème dans le cadre d’un extrait, le procédé peut se trouver expliqué et
justifié.
Tkhorjevski introduit points
d’exclamation et points d’interrogation, ce qui rend la traduction plus
émotionnelle, tandis que dans l’original la ponctuation est assez neutre comme
souvent chez Péguy : points et virgules dominaient ou étaient absents là
où on les attendait.
Le lexique de Tkhorjevski n’a pas
toujours les mêmes connotations que celui de Péguy. Ainsi, « l’auguste
manteau » de Notre-Dame se transforme chez Tkhorjevski en « vêtements
poussiéreux ». Souvent, le traducteur ajoute des mots qu’on ne trouve pas
dans l’original, il change même le sens du texte initial pour faire rimer les
vers. Par exemple, « le cœur de la cité » devient « le cœur du
péché » (souvenir de Paris « ville du péché » ?) ;
« l’océan des têtes », « l’océan de forces » ;
« l’immense peine », « la douleur silencieuse ». Infidélité
inévitable dans toute traduction rimée et rythmée.
Tkhorjevski ne conserve pas les
répétitions, qui créent un rythme si particulier. Ainsi, Péguy répète avec des
petits changements le premier vers dans les deux strophes qui se suivent :
« Nous sommes nés au bord de ce vaste plateau… » / « Nous sommes nés
au bord de votre plate Beauce… » Tkhorjevski ne répète pas la phrase mais
change les mots. Malgré ces « infidélités », cette première
traduction rimée de la poésie de Péguy permet au lecteur russe ignorant du français
de connaître Péguy poète et de saisir la beauté du poème.
De nombreux émigrés lisaient Péguy
dans le texte, sans difficultés de langue. L’Union soviétique de son côté,
entre les deux guerres, ne se hâtait pas de traduire un ami de Romain Rolland
somme toute très encombrant à cause de ce qui était interprété comme un
revirement catholique et nationaliste. Autant Romain Rolland était célébré,
autant Péguy était tu[17].
Seules des bribes inoffensives, tirées des poèmes réguliers, reçoivent l’imprimatur.
Et encore, le destin de Bénédicte Constantinovitch Livchits (1886-1939)[18]
traduisit du Péguy dans la meilleure anthologie de poésie française de toute
l’entre-deux-guerres : Des Romantiques aux surréalistes. Anthologie de
la poésie française[19],
est tragique : ami de Mandelstam, Livchits, « victime en 1937 de
répressions illégales », meurt en Sibérie. Réhabilité, il est honoré d’une
réédition soviétique posthume : sa traduction de quatre fameuses strophes
d’Ève (« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle, /
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre… » ; quatrains
743-746) se retrouve dans Près d’une fenêtre au soir. Vers de poètes
étrangers en traduction, où Péguy est l’un des 42 poètes étrangers traduits[20], l’un des 22 du XXe siècle[21].
La Russie contemporaine réimprime sa traduction de Péguy dans L’Archer à un
œil et demi[22] puis
dans La Poésie française de Villon à Apollinaire. Traductions[23],
où Péguy figure parmi les 62 poètes français choisis (et l’un des 21 du XXe
siècle) et enfin dans Eugène Vitkovski, Sept siècles de poésie française
dans les traductions russes[24]. Rien à voir donc avec la popularité de Péguy
dans l’émigration.
Dans l’après-guerre, après ces amitiés
des émigrés avec Marcel Péguy, qui se traduirent par peu de textes, d’autres
émigrés[25]
– sans jamais vraiment croire redécouvrir notre auteur – se familiarisèrent à
Péguy : ami de Tkhorjeski, le poète Michel Serguéiévitch
Mikhaïloff-Raslovleff (1892-1987), collaborateur régulier du mensuel Vozrojdénié,
traduit Péguy et, à son tour, fait connaître Péguy au prince Serge
Obolenski ; celui-ci, dans Jeanne Pucelle de Dieu[26],
évoquera ce que représentait Jeanne pour Péguy. Un autre traducteur, Léon
Alexandrovitch Zander (1893-1964), orthodoxe comme Raslovleff, vit avant tout
en Péguy un coreligionnaire chrétien et un poète.
En Russie même, malgré l’étude de
Danielle Bonnaud-Lamotte sur « Péguy en U.R.S.S.»[27],
la connaissance de Péguy passait par Romain Rolland : les prises de
position politiques de Péguy et sa conversion provoquaient la méfiance. La
connaissance de Péguy se cantonne donc après 1945 à quelques poèmes anodins en
traduction[28] :
l’écrivain Alexandre Serguéïevitch Kotchetkov (1900-1953), après des études de
lettres, bibliothécaire et consultant littéraire, se joignit à Vladimir
Emmanouilovitch Orel, polyglotte spécialiste des langues balkaniques, pour
publier une anthologie de la poésie européenne. Kotchetkov y traduisit sous le
titre « Paris – Vaisseau de guerre – Quatrains les trois sonnets
« Paris vaisseau de charge », « Paris double galère »,
« Paris vaisseau de guerre »[29].
Traductions reprises dans Sept siècles de poésie française dans les
traductions russes[30].
Née en France, Lilith Borissovna
Jdanko (1924-), qui, après avoir enseigné les langues étrangères de l’Académie
de l’URSS, s’est installée en Israël (professeur de littérature à l’Université
hébraïque de Jérusalem), reconnut en Péguy le philosémite à la prose engagée
dans Vérités premières[31],
sa traduction de Basic Verities, l’anthologie bilingue
(français-anglais) établie par Julien Green. Travail entaché de contresens mais
pionnier.
Les émigrés continuent aujourd’hui
d’étudier et de commenter Péguy, les initiatives de traductions se multiplient
même au pays. Youlia Alexandrovna Guinzbourg a traduit toute une anthologie de
la prose péguienne, dont une prépublication constitue déjà un essai méritoire
de divulguer la prose de Péguy en Russie même[32].
Par exemple, du Dialogue de l’histoire avec l’âme païenne, elle
extrait des passages qu’elle intitule « la lecture est une
collaboration » et « le jugement de l’histoire » ; du Nouveau
théologien, M. Fernand Laudet, « l’athéisme déguisé » ; de La
note conjointe sur Descartes et la philosophie cartésienne,
« l’espérance, une contre-habitude ». La traductrice choisit ainsi
des mots-clefs de la pensée de Péguy. Parfois, ce sont des citations qui
figurent en tête des paragraphes traduits. Sa traduction, très fidèles, utilise
un lexique très précis, garde le syntaxe originale en conservant le rythme
particulier de la phrase péguienne.
Le prestigieux éditeur Naouka a publié
récemment une traduction annotée de Notre jeunesse et du Mystère de
la charité de Jeanne d’Arc : tentative originale de lier deux aspects
complémentaires de l’écriture péguienne[33].
Il s’agit des deux premières traductions intégrales en russe d’œuvres de Péguy.
Les deux traductrices Élisabeth Leguenkova et Hélène Djoussoiéva, les auteurs
de la préface et des notes Tatiana Taïmanova et Anne Vladimirova ont réussi à
rendre l’originalité du style de Péguy en restant proches du texte français.
Traduction publiée grâce aux nombreuses activités du « Centre Jeanne d’Arc
– Charles Péguy », fondé à l’Université des sciences humaines et sociales
de Saint-Pétersbourg en 1993 et déménagé à l’Université d’État de
Saint-Pétersbourg en 2001, qui divulgue la pensée et l’œuvre de Péguy en
Russie.
Nikita Alexeiévitch Struve a récemment
traduit pour le Vestnik des extraits de Jeanne d’Arc
(« Adieu, Meuse endormeuse… ») , les six premiers jours de la Tapisserie
de Sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc, Les prières dans la
cathédrale de Chartres et des extraits d’Ève. Des traductions non
rimées mais très précises et transmettent bien le sens profond des poèmes de
Péguy.
Il reste difficile d’évaluer la
connaissance de Péguy dans le grand public russe, très faible sans doute, même
s’il existe une exception du Porche, œuvre ayant bénéficié de trois
extraits, traduits à cinquante ans de distance, en russe mais à destination
d’un public vivant hors de Russie !
Léon Zander, compagnon de l’Amitié
Charles Péguy entre autres nombreuses activités, qui fit paraître plusieurs
introductions à l’œuvre de Péguy[34],
traduisit en 1947 des extraits du Porche parmi des passages plus
importants du Mystère des Saints Innocents, et ce pour les Russes
orthodoxes de Paris, qui composaient la majeure partie du lectorat du Vestnik
tserkovnoï jizni (Courrier de la vie religieuse), ancêtre du Vestnik,
qui republiera ces traductions en 1973[35].
Zander choisit des thèmes cruciaux pour le Porche et Le Mystère des
Saints Innocents : la liberté, la prière, la Création, l’enfance. En
choisissant des fragments se rapportant à chacun de ces sujets, il donne au
lecteur l’envie de rechercher leur développement dans l’original.
Dix ans après Zander, Raslovleff
traduisit Péguy, sans que l’on sache s’il avait connaissance des traductions de
son prédécesseur. Raslovleff donna au journal Renaissance toute une
série de traductions d’auteurs français modernes. Sa traduction de Péguy, déjà
publiée dans Renaissance en 1956[36],
sera reprise, bien plus tard, dans le dernier recueil de Raslovleff : Extraits
du recueil « Traductions de Parnasses étrangers »[37].
La traduction de Raslovleff, ou plutôt
son adaptation, recrée le poème pour plaire à l’oreille du lecteur russe. D’où
des coupes sombres pour obtenir un plan cohérent et ne pas lasser le lecteur
russe. Procédé conforme à l’idée que le début du siècle se faisait de la
traduction, plus transformation que littéralité. Le traducteur reponctue le
texte source d’une façon académique. Les fréquents résumés que se permet
l’esprit synthétique du traducteur rendent souvent difficile d’identifier le
passage traduit.
Raslovleff fait suivre cette
traduction d’un article bref mais instructif où se trouve présentées vie et
œuvre de Péguy. Péguy est un poète apprécié de Raslovleff, il est un poète
auquel l’attachait une foi ardente et un commun amour de la patrie.
Bien plus tard mais fidèle à
l’admiration de Zander pour Péguy, le Vestnik publiera, en 1996, un long
extrait du Porche due à un intellectuel russe de renommée
internationale : Serge Serguéiévitch Avérintsev (1937-), correspondant de
l’Académie des Sciences de Russie, président de la Société biblique de Russie
et de l’Association des culturologues, professeur aux Universités de Vienne et
de Moscou. Ce dernier donna d’abord non l’introduction de la pièce (cela avait
été le cas pour Raslovleff) mais son exact milieu, ni des extraits épars dans
le Porche mais dix pages consécutives. Il publia ensuite le début du Porche [38].
Ayant retracé la riche histoire des
traductions de Péguy de l’émigration russe à l’époque actuelle, nous avons pu
voir que l’intérêt des milieux intellectuels russes pour cet auteur est
indiscutable. De nouveaux projets de traduction de la poésie et de la prose de
Péguy en russe sont à paraître, sous la plume de Youlia Guinzbourg comme des
auteurs de cet article, qui, avec la collaboration de Tatiana Victoroff,
aidèrent le père Michel Nassonov à traduire intégralement pour la première
fois… ce même Porche !
[1] Le
contexte où il raconte sa rencontre avec Péguy montre que ce dernier a déjà fait
aveu de son retour au catholicisme (Mystère de la charité de Jeanne d’Arc,
CQ XI-6, 16 janv. 1910) et qu’il pense à publier L’Argent (CQ XIV-6, 16
févr. 1913). Mais Danielle Bonnaud-Lamotte date la rencontre de 1909
(p. 112 de « Péguy en URSS », ACP 62, avr.-juin 1993,
p. 106-115), puis de 1910 (dans Péguy devant la révolution sociale,
CNRS, 1991, p. 78). Jean Bastaire pense à 1913 dans Péguy, Cahiers de
l’Herne, 1977, p. 335.
[2] Lyudi,
gody, jizn’, dans Œuvres en neuf volumes, Moscou (dorénavant abrégé
en M.), Khoudojestvennaïa lityératoura, t. 8, 1966, p. 89 ; ou : 2
vol., M., « Sovyetskiy pissatyel’ », 1990, vol. I, chap. XIV,
p. 118-119 ; ou plus récemment : Œuvres en huit volumes,
M., Khoudojestvennaïa lityératoura, t. 6, 1996, livre I, chap. XIV, p. 430.
[3] Kiev,
14 nov. 1918. Article repr. dans Boris Frezinskiy, « Ilya Ehrenbourg à
Kiev », p. 248-335 de Vladimir Alloï (sous la dir. de), Minouvchéié.
Istoritcheskiy almanakh, n° 22, Saint-Pétersbourg (dorénavant SPb),
Atheneum-Feniks, 1997.
[4] M.,
Progrès, 1969, p. 178. Traduction plus étendue que dans Lyudi, gody, jizn’,
(dans Œuvres en neuf volumes, op. cit., t. 6, 1996, livre I, chap. XXV,
p. 507) mais qui reprend dans Ève la Prière pour nous autres charnels.
Ce passage a donné du fil à retordre aux traducteurs. Ehrenbourg avait donné
dans « L’avenir de l’Europe » (art. cité) une version différente de
celles que Volochine donne le 26 juin 1915 puis le 25 maI-1916 et de celle de
que donnera Livchits.
[5] Selon
Boris Frezinski. Après septembre 1915 selon Danielle Bonnaud-Lamotte, p. 169 de
« Les Russes et la Russie, les années 1900 dans les Cahiers de la
quinzaine », p. 161-172 dans Littérature et société, Desclée de
Brouwer, 1973.
[6] Et
conservé au Musée littéraire de Moscou – notice 360 dans Paris-Moscou. 1900-1930,
Centre Georges Pompidou, 1979 puis Gallimard, 1991 p. 584. Le lire dans Œuvres
en huit volumes, op. cit., t. 1, 1990, p. 49.
[7] R.
Vaissermann, « Gerschon Séliber et Charles Péguy», Le Porche,
Orléans, n° 6 bis, déc. 2000, p. 6-29.
[8] Cf. L.
Chvedova, « Péguy et les poètes russes des XIXe et XXe
siècles devant la cathédrale médiévale » (à paraître dans ACP 99,
juill.-sept. 2002), reprise d’un exposé sur « Le gothique dans l’œuvre de
Charles Péguy et de Maximilien Volochine » (donné à l’Université d’État de
Saint-Pétersbourg lors du colloque sur « La ville : littérature,
histoire, civilisation », 4-6 février 2002).
[9]
« Charles Péguy», 25 mai-1916. Article repris dans Maximilien Volochine, Avtobiografitcheskaïa
proza, éd. de Zakhar Davydov et Vladimir Koupchenko, M., Kniga, 1991,
p. 153-158 ; puis dans Vestnik rousskogo khritiyanskogo dvijéniya (Courrier
du mouvement chrétien russe, dorénavant Vestnik), n° 183,
I-2002, p. 82-89. Cf. « La génération de 1914 » et
« Victimes de la guerre », Birjevniyé vyédomosti, SPb, n°
14843, 15 mai-1915 et n° 14927, 26 juin 1915. Lire Yves Avril, « Charles
Péguy par Maximilien Volochine », Le Porche, n° 8, déc. 2001,
p. 105-113.
[10] Notice
sur Péguy du Dictionnaire encyclopédique Boris Vvédenski (sous la dir.
de), M., Grande encyclopédie soviétique, 3e éd., 1955. Cf. B.
Vvédenski (sous la direction de), Dictionnaire encyclopédique en deux
volumes, Éd. de l’Encyclopédie soviétique, 1963-1964, t. II, p. 178. Les
encyclopédies adoptent aujourd’hui un ton neutre.
[11]
Article « Péguy » dans Anatole Lounatcharski (sous la dir. de), Encyclopédie
littéraire en 12 tomes, Éd. de l’Encyclopédie soviétique, t. 8,
1934. Mussolini dans l’article « Fascisme » de l’Encyclopédie
italienne se dit inspiré par Sorel et Péguy…
[12] Parue dans Rencontres, New-York, Chekhov,
1953, p. 179-185. Repris dans Rencontres. 1926-1971, M., Intrada,
2002, p. 141-145.
[13] En russe : Berlin, Petropolis, 1938 ; trad.
fr. : Albin Michel, 1941. Réimpr. : M., Centre international des
Rerikh, 1995 ; et, avec la trilogie complète, M., Respoublika, 1997.
[14] Lire
le témoignage d’Élisabeth
Behr-Siegel : « La création de la première paroisse française
orthodoxe de langue française » dans Service Orthodoxe de Presse,
Courbevoie, suppl. au n° 237, avr. 1999, p. 1-9.
[15] Le
journal d’avant-guerre, fondé le 3 juin 1925, quotidien jusqu’en 1936 puis
hebdomadaire jusqu’à cesser de paraître le 7 juin 1940.
[16] Éd.
Rodnik, 1930, 500 ex., p. 118-120. Traduction republiée intégralement dans
Sept siècles de poésie française dans les traductions russes, SPb,
Eurasie, 1999, p. 517-518 puis en extrait dans Vestnik,
n° 183, I 2002, p. 105-106.
[17] Seules
45 pages des 700 que compte le Péguy de Romain Rolland sont données dans
les Œuvres complètes de Romain Rolland, 14 vol., M., Éditions
littéraires d’État, « Belles lettres », 1954-1958 (350 000
ex. !), mais les citations de Péguy forment quand même un total de 20
pages. Lire Y. Avril, « Trois portraits soviétiques de Péguy», ACP
63, juill.-sept. 1993, p. 170-174.
[18]
Livchits s’était fait connaître comme poète symboliste dès 1910 mais rejoignit
rapidement les cubofuturistes de Moscou. Il écrivit d’abord les recueils Soleil
de loup (1914), De la boue des palus. Poèmes sur Petrograd (1922), Patmos
(1926) et des souvenirs sur le futurisme en littérature et dans l’art (L’Archer
à un œil et demi, 1933).
[19] L.,
Vremia, 1934 (notices biographiques de la traductrice Nina Rykova, qui parlera
abondamment de Péguy dans La Littérature française contemporaine,
Léningrad, Khoudojestvennaïa lityératoura, 1939, chap. « La croix et
l’épée ») – édition retirée plus de 10 fois à 5 000 exemplaires pour
chaque retirage et corrigée dans Les Poètes lyriques français des XIXe
et XXe siècles, Léningrad, Goslitizdat, 1937, 10 300 ex.
[20] М., Progress, « Les maîtres de la traduction
poétique », 1970, p. 145.
[21] Mais
Péguy est absent des Traductions de poètes français (Kaliningrad,
Knijnoyé izdatyelstvo, 1989) à la sélection très dure : 9 auteurs
seulement, dont 2 du XXe siècle !
[22] Non
Léningrad, Goslitizdat, 1933 ni New York, Chekhov, 1978 mais Léningrad,
Sovyetskiy pissatel’, 1989, p. 251 – et notice de Pavel Nerler,
p. 598.
[23] Poésie
française de Villon à Apollinaire en traductions, SPb, Cristall,
« Bibliothèque de la littérature mondiale », 1998, p. 492-493.
[24] SPb,
Eurasie, 1999, p. 518.
[25] Lire
Y. Avril, « À travers l’émigration russe », ACP 63,
juill.-sept. 1993, p. 175-178.
[26] En
russe, YMCA-Press, 1988, p. 495-496. Le livre de Mérejkovski peut aussi
être la (ou une deuxième) source d’Obolenski.
[27] ACP 62,
avril-juin 1993, p. 106-115.
[28] Rien
de Péguy en revanche dans Efim Etkind, Parmi la poésie contemporaine
française (M., Progress, 1973) pour 4 poètes du XXe siècle, ni
dans Poèmes français traduits par des poètes russes (M., Progress, 1973)
alors que le livre proposait la traduction de 42 poètes, dont 5 du XXe
siècle. Ariane Efron dans Traduction de la poésie européenne (M.,
Vozvrachtcheniyé, 2000) exclut Péguy de son choix de 18 poètes européens, dont
7 du XXe siècle ; Elga Linetskaïa, Extraits des poètes
français (Léningrad, Khoudojestvennaïa lityératoura, 1974) exclut Péguy de
son choix de 28 poètes lyriques, dont 11 du XXe siècle.
[29] Dans Poésie
de l’Ouest européen au XXe siècle, M., Belles Lettres, 1977.
[30] Op. cit.,
p. 518.
[31]
Overseas Publications Interchange Ltd, Grande-Bretagne, London, 1992. C. r. par
Y. Avril et J. Bastaire dans ACP 63, juill.-sept. 1993,
p. 181-182.
[32] Dans Novaya
Yévropa, M., n° 12, 1999, p. 90-104.
[33] Ch.
Péguy, Notre jeunesse, Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, déjà cité.
Lire sa présentation dans T. Taïmanova, E. Léguenkova, A. Vladimirova, H. N.
Djoussoïéva, « Une traduction de Péguy en russe », Le Porche,
n° 8, Orléans, déc. 2001, p. 62-76.
[34]
« Parmi la littérature française contemporaine », Vestnik
tserkovnoï jizni, n° 6, juill. 1946, p. 45-48 (trad. fr. : Le
Porche, n° 2, juill. 1997, p. 56-59 et repris en russe dans Vestnik,
n° 183, I 2002, p. 117-125) ; et « Pour le 50e
anniversaire de la mort de Péguy», Vestnik, n° 72-73, 1964,
p. 54-60.
[35]
Première éd. : « Extraits du Mystère des Saints-Innocents», Vestnik
tserkovnoï jizni (Courrier de la vie ecclésiale), n° 8, juill. 1947,
p. 71-78 ; rééd. : « Pour le centenaire de la naissance de
Charles Péguy . Extraits des Mystères dans la traduction de Léon
Zander», Vestnik, n° 107, I-1973, p. 118-126 avec une précieuse
introduction de Nikita Struve, p. 117. La prédilection de Zander pour les Saints
Innocents s’étend donc au Porche, ainsi qu’il appert de son article
anglais sur l’Espérance : « Christian Hope », Student
movement, n° 52, nov.-déc. 1949, p. 19-26 (trad. fr. dans Le
Porche, n° 2, juill. 1997, p. 60-63 et ACP 80,
oct.-déc. 1997, p. 211-219 ; original russe pour la première fois
publié dans Vestnik, n° 183, I-2002, p. 90-96).
[36] « L’Espérance
(extraits du Mystère sous l‘égide de la deuxième vertu) »,
n° 57, p. 18-21.
[37] Compte
d’auteur, 1979, p. 41-44.
[38] Charles Péguy, « Porche conduisant au
mystère de la deuxième vertu, extrait », trad. du fr. par Serge
Avérintsev, Vestnik, n° 173, 1996, p. 139-149 ;
n° 183, I-2002, p. 107-111.