Un phonéticien finno-ougrien : Jean Poirot alias Jean Deck

 

Romain Vaissermann

Université d’Orléans

 

Pour redécouvrir Jean Poirot, il avait fallu attendre, plus de cinquante ans après la mort de l’intéressé, l’étude de Thorildur Olafsdottir-Ergun dirigée par Geraldi Leroy et intitulée « Charles Péguy et Jean Poirot : correspondance »[1]. Poirot ressortait alors de l’oubli pour mieux y retomber. Nous proposons ici une vision synthétique de sa vie, à l’aide de nouveaux éléments biographiques que nous devons notamment aux recherches du professeur Matti Klinge et à l’aide d’Osmo Pekonen[2].

 

I. Un normalien grand lecteur

 

Jean-Marie-Joseph Poirot naît la même année que Péguy, le 26 mars 1873, à Andelot (Haute-Marne), de parents vosgiens (Camille-Hippolyte Poirot, marchand quincaillier âgé de 31 ans, et Julie Girardon âgée de 23 ans). Poirot quitte le Bassigny à 3 ans pour séjourner en Lorraine, dans les Vosges notamment, jusqu’à 12 ans. Après des études scolaires dans l’Ouest de la France (bac au lycée de Poitiers en 1890), il gagne Paris, où il étudie en rhétorique supérieure au lycée Henri-IV (1890-1893). Ces précisions sont importantes : le phonéticien Poirot précisera toujours qu’il parle avec l’accent de ses origines.

Jean Poirot réussit le concours d’entrée à l’E.N.S., 9e de la promotion 1893. Il y est élève de novembre 1893 à juillet 1898. Il reste marqué par deux professeurs : son professeur de philosophie Henri Bergson (1859-1941) et Charles Andler (1866-1932), maître de conférences en allemand à l’E.N.S. depuis 1893, « celui vers lequel Poirot se sentait le plus attiré et qu’il admirait particulièrement », entre autres pour ses « idées politiques avancées ». Mais « Poirot ne consentit jamais à se faire enrôler dans aucun parti », sinon pour défendre Dreyfus avec Péguy, guidé par les idéaux « de la justice, de la liberté, du progrès », et « par conséquent prédisposé à sympathiser avec la Finlande, pays à cette époque dépendant de l’empire russe et où les atteintes portées par le gouvernement du tsar aux libertés constitutionnelles avaient provoqué une politique de résistance opiniâtre ». Ce sont les termes d’Alexis von Kræmer dans sa notice nécrologique de Poirot dans Neuphilologische Mitteilungen[3].

Année scolaire 1893-1894. Poirot n’accomplit pas son service militaire, étant réformé au conseil de révision pour raison de santé, mais obtient un congé pour la même raison.

1894-1895. Dès son entrée effective à l’E.N.S. le 3 novembre 1894, un an après son admission au concours, Poirot y fait la connaissance de Charles Péguy, entré pour sa part 6e dans la promotion de 1894. C’est un très grand lecteur à la bibliothèque de l’E.N.S. : en novembre 1894, il lit Goethe et Schopenhauer, Plutarque comme Polybe ; en décembre 1894, il passe à Schiller, Voltaire, Beaumarchais et tout le théâtre français ; en janvier 1895, il lit Aristote ou Xénophon, Cicéron et Strabon ; en février 1895, on le trouve dans Platon ; en mars 1895, c’est au tour de Racine, de Quintilien et d’autres rhéteurs d’être empruntés par lui à l’E.N.S. ; en avril 1895, il lit notamment Euripide ; en mai 1895, toujours Goethe, décidément son auteur favori. Poirot devient licencié ès lettres à la Sorbonne à l’été 1895. Peut-être est-ce pendant cette année scolaire qu’un professeur d’histoire note[4] que l’élève Poirot, « qui ne s’est pas voué à l’histoire », a néanmoins non seulement prononcé une « conférence » (un exposé en classe), mais aussi remis un mémoire épais sur La Réforme d’Agis et de Cléomène[5]

1895-1896. Dès la rentrée, retour de Goethe, de Schiller et de grammaires dans ses lectures. Fait notable depuis novembre 1895 : Poirot commence à lire beaucoup d’ouvrages grammaticaux (tendance qui se confirme en mai-juillet 1896)… En avril 1896, Poirot approfondit sa connaissance de Goethe et de Lessing. On comprend pourquoi en apprenant les leçons qu’il prépare et les devoirs qu’il compose. En 2e année de lettres, il donne deux « excellentes leçons » (d’après Charles Andler lui-même) sur « Le consonantisme » puis « Le vocalisme germanique » : « toutes deux très au courant de la science la plus récente, admirablement claires, fortes et prudentes ». De plus, il remet à Andler un long travail sur Jeanne d’Arc et la théorie de Schiller sur la poésie naïve et sentimentale qui fait dire à son professeur : « M. Poirot n’écrit pas encore l’allemand avec la correction qu’il faut exiger d’un licencié ; mais il en a un sentiment délicat, et il l’explique avec finesse et avec profondeur. » Témoignage de son zèle ardent d’étudiant germaniste, Poirot rend plusieurs thèmes « qui offensent encore gravement la grammaire », puis une longue dissertation sur Le Jugement de Lessing sur Voltaire, meilleure du point de vue de la langue, avant de conclure en beauté son année par une leçon, de deux heures, dite en allemand sur « La dramaturgie de Hambourg » de Lessing, « conférence préparatoire à la licence de langues vivantes ». Poirot finit l’année licencié d’allemand à la Sorbonne à l’été 1896. Après des excursus dans la poésie romaine (février-mars 1896) ou dans la patrologie latine (avril 1896), en mai 1896, Diderot comme la Bible figuraient sur sa table de chevet ! Puis Chateaubriand en juin 1896.

En dehors de l’E.N.S. où il lit environ 500 [sic] livres pendant sa scolarité de 1894 à 1898, Poirot se fait d’abord connaître comme l’auteur d’un essai très documenté sur la « Polémique de l’École attique avec Cicéron » dans l’édition de Gaius Licinius Macer Calvus (82 – ca 47) par son maître Frédéric Plessis[6]. Plessis le dit « utile et zélé collaborateur »[7]. À l’origine de cette première et précoce publication, un devoir scolaire de Poirot sur Cicéron et les Attiques que Plessis jugea un « travail intéressant, fait avec soin et qui a demandé beaucoup d’études ». Qualificatifs qui reviendront toujours dans sa carrière : Poirot était un enseignant-chercheur prudent, scrupuleux, doué d’une immense force de travail.

1896-1897 : Poirot ne consulte aucun livre à l’E.N.S., lui si grand lecteur ! C’est qu’il obtient une bourse de séjour en Allemagne en 1896-1897. L’élève de la section d’allemand de l’E.N.S. Poirot vit alors au 7 Waldstrasse à Leipzig et étudie sous la direction du philologue Eduard Sievers (1850-1932), brillantissime néogrammairien professeur à l’université de Leipzig (de 1892 à 1922).

Poirot se rachète vite en empruntant pas moins de 55 volumes à la bibliothèque de l’E.N.S. le 3 novembre 1897 ! Toujours Goethe (à tel point qu’on peut valablement penser qu’il songea d’abord à écrire une thèse sur Goethe), Schiller et d’autres ouvrages sur la littérature allemande. Les ouvrages de grammaire se partagent les lectures de Poirot, avec Goethe et Schiller, en novembre puis décembre 1897, en janvier 1898. En 1898, toujours élève de la section des langues vivantes, Poirot repart pour Leipzig, où il habite à la même adresse.

Germaniste, Poirot sera reçu premier à l’agrégation d’allemand à l’été 1902 seulement à cause de sa santé défaillante : autres amis de Péguy, Gaston Raphaël (1877-1960) n’avait été que 6e en 1901 à la même agrégation, comme Ernest Tonnelat (1877-1948) le sera en 1903. Jusqu’ici Poirot suit donc un parcours brillant, mais classique, qui le destine à l’enseignement en lycée comme « hussard de la République ». On serait tenté de gager qu’il a enseigné dans deux-trois lycées de province puis, consécration, dans la capitale, avant de décéder. On se tromperait lourdement à faire une telle hypothèse. Certes, Poirot a demandé en avril 1903, date à laquelle il compte rester encore un an si possible en Finlande[8] une vacance comme « caïman » (répétiteur de l’E.N.S.) pour prendre la suite d’Étienne Burnet (1873-1960 ; 1er de la promotion de l’E.N.S. en 1894) puis, dès janvier 1904, il perd tout espoir de caïmanat[9].

D’après leur correspondance, Poirot et Péguy sont toujours restés en excellents termes en dépit de divergences politiques, Poirot continuant d’admirer Jaurès en dépit des attaques de Péguy contre l’orateur, et d’admirer Péguy en dépit de ces mêmes attaques, qu’il juge basses. Poirot souscrivit à un abonnement aux Cahiers dès 1900, à hauteur de 25 francs. Abonné, il sera aussi collaborateur des Cahiers de la quinzaine et contribuera à les répandre en Europe. Fidèle ami, Poirot rendra hommage à « Charles Péguy » par une notice nécrologique parue dans Nya Argus[10].

Mais qu’est-ce qui justifie que Poirot ait été nommé officier d’Académie dès le 31 mars 1904, à trente et un ans ? Qu’il ait été (a parte dans sa carrière d’enseignant) membre d’un comité des travaux historiques et scientifiques au ministère (français) de l’Instruction publique en 1907 ? Qu’il ait même été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1920, distinction que ne reçut pas notre cher Péguy ? Pour répondre à ces questions, il faut faire une digression vers la Finlande et mettre, à la suite de Poirot, cap vers le Nord !

 

II. Jean Poirot, linguiste phonéticien

 

Poirot est d’abord enseignant en Finlande. À savoir lecteur de français (à titre provisoire) à l’Université d’Helsinki, alors dénommée « Université Impériale d’Alexandre » depuis le 13 septembre 1898. Il apprend en quelques mois le suédois : « Poirot savait l’allemand à la perfection et quant au suédois, il avait fini par le parler et l’écrire si correctement qu’il faisait ses cours à l’Université en partie dans cette langue et qu’il rédigeait directement en suédois les articles destinés aux journaux finlandais. »[11] Poirot réussit ensuite un examen pour obtenir un poste permanent de lecteur, « Universetets lektor », le 25 avril 1899[12] et l’occupe dès sa nomination le 3 juillet 1901.

Mais le vrai tournant dans sa vie scientifique vient plus tard : l’année où il commence d’enseigner la phonétique, en 1903.

 

a. Poirot enseignant de phonétique à Helsingfors

 

Poirot occupe d’abord à titre provisoire une chaire de phonétique spécialement créée pour lui (1903-1908) puis l’occupe à titre permanent (nomination du 28 août 1908 à une chaire créée encore pour lui !). La chaire auxiliaire de la phonétique n'était pas élevée à une chaire de professeur, bien que son occupant eût le droit au même salaire que les professeurs extraordinaires ; la raison en était la citoyenneté étrangère de Poirot ; mais la phonétique était considérée comme une discipline auxiliaire des autres sciences linguistiques[13]. Poirot nous décrit son travail en 1904 : « J’ai d’excellents instruments, je vais avoir une place dans un laboratoire neuf ; je fais construire de nouveaux appareils. Cela me fournira un sujet de seconde thèse et, comme j’ai l’air de devoir avoir des élèves, j’aurai d’ici mon retour en France, le temps de former un successeur et de mettre en train une enquête phonétique sur les dialectes du pays »[14]. Poirot a enseigné la phonétique à Helsinki jusqu’en 1920 (année où il est retourné en France) au niveau de professeur ; mais un professorat régulier n'a été créé qu'en 1948[15]. Ajoutons pour mémoire qu’on trouve un « dosentit » de phonétique de 1891 à 1903 : Knut Hugo Pipping (1864-1944), « äänneoppi », et de 1915 à 1924 : Frans Gustaf Äimä (1875-1936), « suomalainen ja lappalainen äänneoppi » (élève de Poirot, qui enseignera ensuite jusqu’à sa mort et écrira Phonetik und Lautlehre des Inarilappischen. Akademische Abhandlung, Helsinki, Druckerei der finnischen Litteraturgesellschaft, « Mémoires de la Société finno-ougrienne », 1914).

Poirot obtiendra plusieurs congés universitaires : semestre de printemps 1906, année scolaire 1910-1911 (au moment de la crise d’Agadir, il rencontre Péguy, qui lui avoue avoir peur que la guerre se déclenche trop tard pour être en âge de combattre !), semestre de printemps 1915 (où il rentre quelque temps au pays pour participer comme traducteur à l’effort de guerre, après avoir été confirmé comme inapte au combat). Il était aussi venu en France en 1902 pour passer son agrégation d’allemand et en 1913 pour soutenir sa thèse[16].

Car Poirot, avant 1913, est parfois handicapé du fait de n’avoir pas encore soutenu sa thèse. En témoigne un épisode des nominations à la Sorbonne. La Revue de phonétique[17] rend compte d’une note publiée au Bulletin administratif du Ministère de l’Instruction publique[18] sur un cours de phonétique qui sera vacant au 1er janvier 1912 près l’Institut de phonétique de l’Université de Paris (6 000 F par an, fondation de l’Université). Se sont portés candidats sous 15 jours deux docteurs ès lettres : Hubert Pernot (1870-1946), alors répétiteur de grec moderne à l’École des langues orientales, Théodore Rosset (1877-?), maître de conférences à l’Université de Grenoble et directeur de son institut de phonétique qui y est, ainsi qu’un licencié ès lettres : Léonce Roudet (actif de 1899 à 1928), directeur du Laboratoire de phonétique expérimentale de l’Université de Nancy. Le 9 décembre le conseil de faculté a décidé que le titre de docteur n’était pas exigible pour ce nouveau cours. Du coup, Poirot fait acte de candidature. Deuxième réunion de la commission. Le conseil de faculté du 16 décembre se rend compte qu’il doit prévenir tous les candidats éventuels non docteurs et obtient le renvoi de l’examen des candidatures à une date ultérieure. Poirot ne sera nommé à la Sorbonne qu’en 1914…

À l’été 1900, de Leipzig, il songe à écrire comme thèse pour le doctorat ès-lettres une « étude métrique de l’alexandrin », car « presque tout est encore à faire »[19]. Poirot travaille dès 1904 à un nouveau sujet de thèse, qui sera le bon[20]. Poirot écrit en 1907 « Sur la prononciation et le groupement des voyelles en français »[21], prélude à sa thèse de linguistique, qu’il présente enfin en 1912, à la Faculté des lettres de l’Université de Paris. Le 4 novembre 1912, disciple de l’abbé Pierre-Jean Rousselot (1846-1924), qu’il discute néanmoins, il obtient l’autorisation de soutenir sa thèse d’Alfred Croiset (1845-1923), doyen de la Faculté des lettres, et de Louis Liard (1846-1936), vice-recteur de l’Académie de Paris. À Paris, il devient docteur ès-lettres en 1913. Couronnement de ses recherches, la thèse est consacrée à des Recherches expérimentales sur le timbre des voyelles françaises[22], alors que la thèse complémentaire propose une « Étude sur la connaissance de la quantité dans les langues finno-ougriennes »[23]. Son jury est composé du linguiste Ferdinand Brunot (président), de Guillet et du professeur de philologie Paul-Isidore Verrier (1860-1938) pour la thèse principale, de Charles Andler, du linguiste Antoine Meillet (1866-1936)[24] et d’Hubert Pernot pour la complémentaire. Ayant obtenu le grade de docteur avec mention « très honorable » le 8 janvier 1913[25], Poirot veut rechercher désormais la hauteur et l’intensité des voyelles du français. Mais examinons ses recherches antérieures et ultérieures.

 

b. Poirot phonéticien

 

Le chargé de cours de phonétique à l’Université de Helsingfors écrit de nombreux articles savants. Mettant à profit sa bonne connaissance du français, il applique ses recherches phonétiques au français dans « Deux questions de phonétique française : I Contribution à l’étude des explosives labiales en français, II Contribution à l’étude de l’e muet »[26].

Mais Poirot, mettant à profit sa présence en Finlande, s’attache surtout aux langues finno-ougriennes. Dans la revue Finnisch-ugrische Forschungen : Zeitschrift für finnisch-ugrische Sprach- und Volkskunde, les « Recherches expérimentales sur le dialecte lapon d’Inari », dans leurs deux livraisons « I Accent musical » et « II Résultats »[27], rejoignent les préoccupations de Frans Gustaf Äimä (1875-1936), qui, en 1911, « imprime une thèse de phonétique descriptive et expérimentale sur le dialecte lapon d’Inari » dont « les expériences ont été effectuées au Laboratoire de phonétique d’Helsinki »[28]. Poirot prépare aussi en 1906 avec Robert Gauthiot[29] un travail sur les consonnes finnoises dans la même revue Finnisch-ugrische Forschungen, mais les résultats de cette étude ne semblent pas avoir paru.

Mais Poirot est contesté par les phonéticiens purs. Premier sujet de polémique, son compte rendu (en allemand) « G. Panconcelli-Calzia, Bibliographia phonetica, Sonderabdruck aus der Medizinisch-pädagogischen Monatschrift für die gesamte Sprachheilkunde » [vol. I et II[30]], paru dans « Literaturbericht » de Archiv für die gesamte Psychologie mécontente le jeune Giulio Panconcelli-Calzia (1878-1966)…

Après ces premières avancées dans les études phonétiques finno-ougriennes, Poirot se consacre à une somme : Die Phonetik[31]. C’est, en 1911, le fascicule 6[32] du Handbuch der physiologischen Methodik dirigé par le Finlandais Robert Adolf Armand Tigerstedt (1853-1923), professeur de physiologie à l’Université de Helsinki depuis 1901, directeur des Skandinavisches Archiv für Physiologie et que Poirot avait sans doute connu à Leipzig. Ce livre de Poirot, vaste panorama des outils mis à la disposition du phonéticien, se trouve annoncé dans la Revue de phonétique comme « un travail étendu sur la Méthode de la phonétique expérimentale », fait en même temps que Poirot « prépare ses thèses sur le timbre des voyelles françaises et sur des questions de phonétique lettone »[33]. Josef Chlumský (1871-1939), du laboratoire de phonétique du Collège de France, en rend compte de façon mitigée dans la Revue de phonétique[34], mais le Bulletin de la société de linguistique (n° 60) le dit « travail personnel, original et critique »[35].

Muni de l’autorité de cet ouvrage clef, Poirot donne un très sévère compte rendu de « Théodore Rosset, Recherches expérimentales » dans la Revue de phonétique[36]. Qui donnera lieu à une seconde polémique. Rosset demande un droit de réponse par une lettre publiée dans la même revue[37]. Poirot y répond assez vivement[38], ainsi que l’abbé Rousselot, qui soutient Poirot. La polémique portait notamment sur un instrument de mesure, dont Rosset voulait s’attribuer tous les mérites, aux dépens du constructeur. Poirot resta sensible aux questions de méthode et particulièrement aux instruments de mesure plus ou moins précis mis à la disposition du phonéticien de la Belle époque.

Voilà pourquoi les travaux du laboratoire de physiologie à l’Université de Helsingfors, section de phonétique expérimentale, portent « Sur le transcripteur phonographique de Hermann », dans Vox[39].

Voilà encore pourquoi la Revue de phonétique donne souvent, comme en 1913, des nouvelles du laboratoire de phonétique de Helsingfors dans ses « Chroniques » d’activités. « M. Poirot : recherches sur le timbre des voyelles françaises »[40]. Puis : « Dr Laurosela : recherches sur la quantité dans les dialectes finnois de l’Ostrobotnie méridionale »[41]. La Revue de phonétique donne aussi des études de Poirot plus personnelles, moins polémiques mais toujours aussi scrupuleuses : « Question de technique et de méthode : analyse harmonique au moyen des analyseurs » puis « Question de technique et de méthode. II Quel degré de confiance méritent les tracés des transcriptions phonographiques ? »[42]

Les études de Poirot ne s’arrêtent pas avec la guerre. Conscient de la chance de disposer à Helsingfors de quelques réfugiés lettons, Poirot s’était déjà autorisé dans l’immédiat avant-guerre deux petites digressions vers les pays baltes. Il dirigea en 1913 une étude sur l’estonien : « Dr Kettunen[43] imprime ses recherches sur la phonétique du dialecte estonien de Kodafer »[44]. La même année, Poirot écrivit « Sur l’accent lette »[45], grâce à une collaboration entre son laboratoire de phonétique et le professeur de philologie slave Jooseppi Julius Mikkola (1866-1946).

Voici qu’en 1915, il publie une « Contribution à l’étude de la quantité en lette », travail réalisé quelques années auparavant par le laboratoire de phonétique installé à l’Université de Helsingfors, recherche érudite qui complète le Lettisches Wörterbuch de Karl Christian Ulmann (1793-1871)[46] grâce à l’aide de son collègue le professeur Mikkola et de son ancien maître August Leskien (1840-1932), professeur de langues slaves à l’université de Leipzig[47] : « Les sujets d’expérience étaient des Lettes réfugiés à Helsingfors après les troubles de 1905, ou de passage dans cette ville. »[48]

Poirot, qui dès 1913, année décidément féconde en nouvelles orientations, alors que la Revue de phonétique annonçait qu’« il imprime ses recherches sur la quantité en tchérémisse »[49] (ou mari), avait étendu sa connaissance des langues finno-ougriennes en proposant une « courte série sur la quantité en hongrois », publie dans le Journal de la Société Finno-Ougrienne[50], en 1916, un article approfondissant cette brève recherche sur « Sur la quantité en hongrois », revue par Setälä. Poirot avait demandé l’aide financière de la Société finno-ougrienne pour cette étude, mais ne publia qu’une partie de ses résultats, qui plus est choisissant ceux qui intéressent surtout la phonétique générale ! C’est en 1906 que Poirot entra comme membre fondateur (sous Setälä vice-président ; Mikkola membre élu de la direction) dans cette société dont étaient déjà membres Leskien, Äimä, Pipping.

 

III. La fin

 

Nommé finalement maître de conférences à la Faculté des lettres de l’Université de Paris, Poirot avait été autorisé[51] à accepter l’emploi de professeur à l’Université de Helsingfors du 1er janvier 1914 au 1er mai 1920. Installé le 1er mai 1920 à son poste de chargé de cours de phonétique (fonds de l’Université)[52], il est maintenu dans ses fonctions de chargé de cours de phonétique par décision universitaire du 16 juillet 1920 (passant néanmoins du fonds de l’Université au budget de l’État) puis chargé d’un cours complémentaire de phonétique (bénéficiant d’un traitement annuel de 14 000 F) par décision ministérielle du 17 août 1920[53]. Appelé à enseigner la phonétique à l’Université de Paris, il quitte donc l’Université de Helsingfors le 20 septembre 1920 et enseignera en France, comme il le voulait depuis longtemps. Dès 1903, il souhaitait rentrer au pays en 1904 et y travailler comme caïman à l’E.N.S.[54] Poirot s’installe dans son nouveau poste le 1er novembre 1920. Qu’y fait-il ?

Nommé doyen de la faculté des Lettres de l'Université de Paris en 1919, le grammairien et historien de la langue française Ferdinand Brunot avait quitté la direction des Archives de la parole en juillet 1920[55] mais : « il avait en fait résigné ces fonctions dès le mois de mai de cette même année, époque à laquelle on créa sur sa proposition une maîtrise de conférences qui fut confié à M. Poirot. […] Le double organisme que forment l’Institut de phonétique et les Archives de la parole dépasse, à vrai dire, les forces d’un seul homme quelle que puisse être sa résistance physique et intellectuelle. Aussi Poirot, miné par la maladie qui devait l’emporter prématurément, s’est-il plus spécialement consacré aux études de phonétique expérimentale et notamment aux recherches sur les voyelles. Nos dossiers renferment peu de notes de lui, et cette constatation a quelque chose de tragique : il savait que les projets à longue échéance lui était interdits. On donnera dans cette Revue la liste des publications de ce savant probe et consciencieux qui, jusqu’au dernier moment, a poursuivi sa tâche quotidienne avec opiniâtreté et qui de bien des façons s’était acquis la profonde estime de ses collègues et l’affection de ses élèves » – idée jamais réalisée, hélas[56]. Le phonéticien Poirot lui succède à la tête de l’Institut de phonétique et des Archives de la parole jusqu'à sa mort brutale en 1924. Ce sera ensuite sous la direction de l'helléniste Hubert Pernot que l’Institut de phonétique et des Archives de la parole deviendra le Musée de la parole et du geste, toujours dans le cadre de l'Université de Paris, mais en déménageant au 19 rue des Bernardins, dans le cinquième arrondissement de Paris.

Mais n’allons pas si vite en besogne. Le 30 avril 1924, Poirot avait demandé une autorisation d’absence pendant le mois de mai (à renouveler une fois pour juin) 1924 au doyen Ferdinand Brunot. Celui-ci, dès le 2 mai 1924, transmet au ministre, en la soutenant, la demande de Poirot, « dont vous connaissez le mauvais état de santé », écrit-il. Autorisation rapidement donnée par décision du 24 mai 1924. Il faut avouer que la demande était pressante :

 

M. le doyen,

Je pense que M. Uri[57] vous aura parlé de la conversation que j’ai eue avec lui avant-hier, et où je lui ai expliqué que l’état de ma santé et les soins qu’elle réclame nécessiteraient mon départ vers un climat plus chaud et sec que celui que nous offre Paris en ce moment. Hier j’ai commis l’imprudence – car c’en était une –, d’aller à mon laboratoire pour régler entre autres la question de mes cours à l’École [de] préparation ; et aujourd’hui je sens les conséquences de cet abus de mes moyens physiques.

En somme, l’état général est : organisme débilité par surmenage, menacé par des poussées congestives arrêtées mais non résolues, œdème de fatigue des membres inférieurs. Localement, aphonie par parésie[58] et légère ulcération de la corde vocale droite, qui nécessitera un traitement à l’acide lactique.

Le laryngologiste déconseille toute espèce d’enseignement d’ici à la fin de l’année scolaire. Mon médecin me verrait disparaître vers des cieux plus cléments.

 

Tous symptômes qui font penser soit à une tuberculose laryngée en phase finale soit à un cancer O.R.L. touchant les voies aéro-digestives (œsophage, voies aériennes supérieures, gorge…). Une maladie qui peut provenir de l’abus de tabac et, secondairement, de l’alcoolisme (ce qui ne semble aucunement concerner Poirot)… mais aussi apparaître par dégénérescence d’une laryngite chronique…

Dans sa lettre, Poirot se soucie ensuite des questions pédagogiques : il peut remettre son rapport[59] de lecture des Recherches sur l'R anglo-américain d'après les procédés de la phonétique expérimentale de Marcel H. Vigneron[60] ; il doit faire passer deux diplômes de phonétique et autant de certificats de phonétique. Son souhait consiste finalement en ceci : partir d’abord dans le Midi, y rester jusqu’à la fin juin 1924, passer par la Sorbonne pour les formalités pédagogiques, repartir pour la montagne le mois de juillet 1924. « On n’aurait donc pas à me chercher un remplaçant pour une matière aussi spéciale. »

Après avoir été maître de conférences à la Sorbonne mais pendant moins de quatre années universitaires, Poirot meurt à son domicile de Paris, au 97 boulevard Arago dans le XIVe arrondissement, le 20 mai 1924. Cruelle ironie du sort : le phonéticien Poirot meurt les cordes vocales touchées, par la voie respiratoire plus que par la voie digestive apparemment !

Depuis 1920, qu’avait-il écrit ? Nous ne connaissons l’existence que de deux articles, contributions aux Skandinavisches Archiv für Physiologie[61], en 1923 : « Über die rythmischen Pausen im Vortrag und deren experimentelles Studium » et aux Mélanges offerts à M. Charles Andler par ses amis et ses élèves en 1924 : « Sur l’articulation des nasales islandaises », relatant une expérience de fin janvier 1924[62]. Où l’on voit que son intérêt pour la phonétique expérimentale et pour l’application de cette discipline aux pays nordiques n’avait pas quitté Poirot.

Les pays nordiques n’oublient pas de saluer en Poirot le premier linguiste à avoir entrepris d’analyser phonétiquement les voyelles nasalisées, à l’aide des outils de son laboratoire : disque-phonographe et analyseur harmonique, et le premier à avoir utilisé le kymographe dans l’analyse phonétique des langues finno-ougriennes[63]. On s’étonnera donc de son oubli en France, aussi bien chez les historiens de l’Université que chez les linguistes. Christophe Charle oublie Poirot dans Les Professeurs de la faculté des lettres de Paris. Dictionnaire biographique[64] et dans l’ouvrage collectif sur Le Personnel de l'enseignement supérieur en France aux XIXe et XXe siècles[65]. Les linguistes français citent volontiers le Suédois Bertil Malmberg ou le Danois Krystoffer Nyrop, président de l’Alliance française à Copenhague de 1898 à 1902 (Poirot dirigea celle de Helsingfors à la même époque) ou l’autre Danois Louis Hjemslev[66]. Plusieurs raisons expliquent l’oubli de Jean Poirot.

D’abord, l’enseignant de phonétique n’a pas eu suffisamment d’élèves à la Sorbonne, de 1920 à 1924, pour marquer de son esprit une génération de linguistes ; tout laisse en revanche penser que ses élèves en Finlande étaient nombreux. Ensuite, l’auteur n’a pas passé ce seuil quantitatif de publications à partir duquel, la qualité étant tout de même au rendez-vous, les bibliographies ultérieures ne vous oublient pas : très peu cité de son vivant, encore était-il destiné, à titre posthume, à mourir à petit feu une seconde fois… Le chercheur, outre Die Phonetik, n’a par ailleurs guère eu le temps de se consacrer à des œuvres linguistiques vulgarisatrices : son public ne pouvait être que celui de spécialistes. Le phonéticien s’enferma de plus dans des langues dites, en France, « rares » – excusez l’adjectif – et publia beaucoup, en Finlande, sur la France et le français à une époque où l’intelligentsia finlandaise (et pas seulement finlandaise !) se tournait plutôt vers l’Allemagne… Poirot fut enfin tributaire des balbutiements de sa très jeune discipline : méthodes sinon dépassées du moins rendues obsolètes du fait de leurs outils primaires.

Ce faisceau de raisons fait que, des débuts de la phonétique, on ne retient aujourd’hui que le nom de l’abbé Pierre-Jean Rousselot, qui décédera lui aussi en 1924, le 16 décembre. Comme le nota Charles-Émile Picard (1856-1941)[67] : « Une grande partie de la carrière de Poirot s’était faite à l’Université de Helsingfors, et, pendant la guerre, il fut un de nos meilleurs observateurs français dans les pays du Nord. Dans ces dernières années, il s’était consacré à la phonétique expérimentale, qu’il enseignait à la Faculté des Lettres de Paris ; sa mort et celle de son maître, M. l’abbé Rousselot, sont des pertes irréparables pour la jeune et nouvelle science du langage. » À défaut de véritable notice nécrologique, bel hommage rendu à celui qui fut membre de l’Association amicale des anciens de l’E.N.S. de 1897 à sa mort. Autre hommage de la bibliothèque de l’E.N.S. à son infatigable lecteur : la présence d’un intercalaire « Poirot (Jean) » dans le fichier d’auteurs de son catalogue manuel – la « Bibal » est assurément la seule bibliothèque dans le monde à réserver un tel honneur à Jean Poirot !

 



[1] BACP, n° 9, janv.-mars 1980, p. 26-55 ; BACP, n° 10, avr.-juin 1980, p. 97-119.

[2] Nous avons effectué des recherches – hélas non exhaustives et sans connaître ni suédois ni finnois ! – aux Archives de l’École normale supérieure, dans les dossiers du personnel du Ministère de l’Instruction publique, au Ministère des Affaires étrangères, sur l’internet et dans les revues finlandaises de l’époque (conservées à la Bibliothécaire universitaire de Helsinki).

[3] Alexis Karl Oskar von Kræmer (1871-1927), lecteur de français à l’Université depuis 1910, fait sa notice nécrologique dans Neuphilologische Mitteilungen. Herausgegeben vom Neuphilologischen Verein in Helsingfors (1/2, 1925, pp. 1-13; sont citées ici les pages 2-3).

[4] Ministère de l’Instruction publique, Paris, Archives nationales, AJ-61-185.

[5] Les réformes d’Agis IV et de Cléomène III (III° s. av. JC) pour rétablir l'ordre intérieur et redistribuer les terres, supprimer les éphores, intégrer les périèques parmi les citoyens et libérer des milliers d'hilotes, n’offrirent à Sparte qu'un court répit.

[6] 1851-1942 ; latiniste, poète et romancier, maître de conférence à l’E.N.S. puis professeur à la Sorbonne.

[7] Page II de la préface du 26 avril 1896. L’essai est situé aux pp. 68-102 dans Calvus, édition complète des fragments et des témoignages, étude biographique et littéraire, Klincksieck, 1896.

[8] Poirot s’y est fait des amis. Surtout, sa femme est finlandaise et Poirot vient juste de monter son ménage ; BACP, n° 9, pp. 51, 54.

[9] BACP, n° 9, pp. 47, 51.

[10] An. 7, 12 oct. 1914. Lire dans la même revue : « Frågan om Elsass-Lothringen », an. 8, 1915 ; « En bok om Italien », an. 8, 1916.

[11] Notice nécr., pp. 3-4.

[12] Poirot se fait écrire au 21 Brunnsparken en 1902 (p. 40), 21 Ostra Brunnsparken en 1903 (p. 45), puis Djurgârdsvägen 3 en 1905 (53) à Helsingfors. Lire George Clarence Schoolfield (1925-), Helsinki of the czars : Finland’s capital, 1808-1918, États-Unis, Columbia, Camden House, 1995 ; notamment partie III : « 1898-1918 », pp. 203-264.

[13] M. Klinge, op. cit., t. II, p. 465.

[14] BACP, n° 9, p. 51.

[15] M. Klinge, op. cit., t. III, p. 351 et 720.

[16] Excursions en Finlande (Helsingfors, Société des Touristes de Finlande, 1900) donnent plusieurs itinéraires possibles entre France et Finlande : tout en train par Saint-Pétersbourg, trajet train plus bateau par Copenhague, trajet bateau plus train par Lübeck. Tous prennent environ 70 heures à la Belle époque.

[17] « Cours de phonétique à l’Université de Paris », t. I, 1911, fasc. 4, p. 386. La revue, d’abord publié sous la direction de l’abbé Rousselot, ensuite assisté d’Hubert Pernot, fera long feu sous la direction de ce dernier, qui voulait après-guerre lui conférer un statut international (la revue meurt en 1930).

[18] N° 2003, 11 nov. 1911.

[19] Notice nécr., p. 6.

[20] BACP, n° 9, janv.-mars 1980, p. 51.

[21] Neuphilologische Mitteilungen, 1907, pp. 37-44.

[22] Actes de la société des Sciences de Finlande, Helsingfors, Imprimerie de la Société de littérature finnoise, t. XLII, n° 2, 1912, 96 pp.

[23] Beiträge zur Kenntnis der Quantität in den finnisch-ugrischen Sprachen, à l’imprimerie de la Société de littérature finnoise, coll. « Mémoires de la société finno-ougrienne », vol. XXXI, 1912, 162 pp.

[24] Auteur d’une courte introduction (pp. 3-4) à La Lutte des langues en Finlande d’Emil Nestor Setälä (1864-1935), Champion, « Société de linguistique de Paris », 1920. À la Belle époque, la Société de linguistique, ainsi que la Société asiatique et la Société d’anthropologie de Paris, étaient affiliées à la Société finno-ougrienne.

[25] « Chronique », Revue de phonétique, t. III, fasc. 1, mars 1913.

[26] Mémoires de la Société Néophilologique (Neophilologischen), n° 3, 1902, pp. 527-568 ; article réimprimé en 1963 dans Die Handschrift Junius 27 der Bibliotheca Bodleiana.

[27] Dans Recherches finno-ougriennes (Finnisch-Ugrische Forschungen), Helsingfors / Leipzig, Imprimerie de la société de littérature finnoise, respectivement : vol. IV, fasc. 3, 1904, pp. 153-230 (première partie dédicacée « À M. Andler respectueusement / J. Poirot » dans l’exemplaire conservé à la Bibliothèque de l’E.N.S.) et vol. V, fasc. 1, 1905, pp. 11-57.

[28] Revue de phonétique, t. I, fasc. 1, mai 1911, p. 104.

[29] 1876-1916 ; agrégé d’allemand, docteur ès-lettres, professeur de grammaire comparée, auteur de Le parler de Buividze : essai de description d'un dialecte lituanien oriental, Bouillon, « Bibliothèque de l'École des hautes études. Sciences philologiques et historiques », 1903, et de l’Abrégé de grammaire comparée des langues indo-européennes, sous sa direction et celle de Meillet, Klincksieck, 1905. A écrit Finnois : tuhat, Helsingfors, Finskugriska sällskapet, 1906.

[30] Respectivement vol. X, fasc. 1-2, Leipzig, 1907, pp. 162-166; Francfort, vol. XV, fasc. 1-2, 1909, pp. 170-176.

[31] Prusse, Leipzig, Hirzel, 1911, 104 pp. (dont bibliographie pp. 268-276).

[32] Ou : vol. III, partie 2.

[33] T. I, fasc. 1, mai 1911, p. 104.

[34] T. I, fasc. 4, déc. 1911, pp. 376-383.

[35] Cité dans la Revue de phonétique, t. III, fasc. 1, mars 1913, p. 112.

[36] T. I, fasc. 2, juin 1911, pp. 190-196.

[37] T. I, fasc. 3, sept. 1911, pp. 303-304.

[38] Ibidem, p. 307.

[39] Vol. II, 1914.

[40] Fasc. 2, juin 1913, p. 220.

[41] Fasc. 3, sept. 1913, p. 316. Le linguiste Jussi Laurosela (1883-1946) a publié de nombreuses études, notamment de 1909 à 1922, dont Äännehistoriallinen tutkimus Etelä-Pohjanmaan murteesta [« Étude historique du dialecte ostrobothnien méridional »], vol. I-III, dans Suomi Tidskrift i Fosterländska ämnen, Helsinki, vol. IV, 1913-1914-1922.

[42] Revue de phonétique, respectivement : fasc. 3, sept. 1913, pp. 279-290 [« Helsinki, décembre 1912 »] et fasc. 4, déc. 1913, pp. 344-380 [« Helsinki, mai 1913 »].

[43] Lauri Kettunen (1885-1963) étudia l’estonien, notamment lors d’un séjour à Tartu de 1915 à 1925 (il est professeur d’estonien de 1919 à 1925 à l’université de Tartu) puis les dialectes finnois. Il publia une Vatjan kielen äännehistoria (1915, rééditée en 1930), issue de quatre voyages (1911, 1913, 1914, 1915) lui ayant permis d’étudier dialectes kukkusi (enregistré pour la première fois dans cette publication) ou votiak (oudmourte) oriental.

[44] Revue de phonétique, fasc. 3, sept. 1913, p. 316.

[45] Vox (nouveau nom du Medizinisch-pædagogische Monatsschrift für die gesamte Sprachheilkunde déjà sous-titré Journal international de phonétique expérimentale – en 1907), 1913, vol. I, n° 5, pp. 231-245 : « À M. Andler hommage respectueux / J. Poirot », muni d’un ajout (pp. 244-245) daté du 19 août 1913. P. 245 : « Bei der Redaktion am 11. August 1913 eingegangen ». Tampon « Bibliothèque de Charles Andler ».

[46] Évêque évangélique luthérien, auteur d’un Dictionnaire lette, vol. I, Riga, 1872.

[47] Dans le magnifique in-quarto Pro Finlandia. Les adresses internationales à S. M. l’Empereur-Grand-Duc Nicolas II, éd. Mertz (Berlin), impr. Tullberg (Stockholm), 1899, on notera les signatures des professeurs August Leskien (Univ. de Leipzig, p. 6) et Krystoffer Nyrop (Univ. de Copenhague, p. 36).

[48] P. 5 des Actes de la société des Sciences de Finlande, Impr. de la Société de littérature finnoise, t. XLV, n° 4, 1915, 37 pp.

[49] Revue de phonétique, fasc. 3, sept. 1913, p. 316.

[50] Suomalais-Ugrilaisen Seuran Aikakauskirja, vol. XXXII, fasc. 1, 1916 puis comme tiré à part (Muita Suomalais-Ugrilainen Seuran julkaisuja) de 44 pp.

[51] Par une décision du 14 mai 1921 – chose fort étrange – et en vertu de l’article 9 de la loi du 30 décembre 1913.

[52] Par arrêté du 2 mars 1920.

[53] Cours créé par décret le 30 décembre 1919 : « Il est créé à ladite Faculté [des Lettres de l’Université de Paris] un cours complémentaire de phonétique. »

[54] BACP, n° 9, janv.-mars 1980, p. 47.

[55] Première pierre d'un Institut de phonétique voulu par l'Université de Paris, ces archives sonores, grâce au mécénat d'Émile Pathé, marquent l'introduction du phonogramme comme outil de connaissance au sein de l'Université. Brunot fait se rencontrer deux univers qui s'ignoraient jusqu'alors en France : le laboratoire expérimental et le musée phonographique.

[56] Hubert Pernot, « L’Institut de phonétique de l’Université de Paris », Revue de phonétique, déjà cité.

[57] Probablement s’agit-il d’Isaac Uri.

[58] Terme de neurolinguistique. Les troubles parétiques, arthritiques, sont caractérisés par la faiblesse des mouvements articulatoires, particulièrement par la faiblesse des mouvements du voile du palais et du pharynx, et par l'insuffisance du souffle trachéal. Ils ne sont pas permanents, se résorbent graduellement, rapidement, avec l'émergence des perturbations dystoniques.

[59] Poirot avait déjà rédigé le rapport de la thèse d’« Emil Zilliacus, La poésie française moderne et l’Antiquité [Den nyare franska poesin och antiken], Akademisk avhandling, Helsingfors, 1905 », paru dans Neuphilologische Mitteilungen en juillet 1905, pp. 93-109. « J. M. J. Poirot, reader in French of the university, the ex-officio opponent, pointed out a certain disproportion between the various parts of the work, but admitted author had a complete mastery of both ancient and French literature, and was always able to answer any question or to refer to authorities to support his opinion. » (Pentti Aalto, Classical studies in Finland, 2e partie de The History of Learning and Science in Finland. 1828-1918, Helsinki, S. S. F., 1980, p. 156).

[60] Limoges, impr. Perrette, 1924. Marcel H. Vigneron était professeur à l’Université de New York ; il avait épousé Marcelle Vérité (née en 1904). Vigneron remercia dans sa thèse (p. 10) « M. le professeur Poirot, qui a bien voulu s’intéresser à mon travail avant même mon arrivée à Paris, m’ouvrir le laboratoire de phonétique expérimentale de la Sorbonne, et m’éviter par ses conseils des erreurs et des conclusions prématurées. » Poirot se trouve cité aux pages 22 et 84 (deux fois, dans la bibliographie, pour Die Phonetik et « Quantité et accent dynamique »). Vigneron est admis à soutenir sa thèse par le doyen Ferdinand Brunot le 8 mai 1924. Poirot était mourant…

[61] Stockholm, vol. XLIII. La revue parut de 1889 à 1940 puis prit le nom d’Acta physiologica scandinavica.

[62] « Travail de l’Institut de phonétique de l’Université de Paris », Éditions de la faculté des lettres de l’Université de Strasbourg, pp. 285-290. Antoine Meillet, Gaston Raphaël, Ernest Tonnelat, Albert Thomas participent aussi à l’hommage.

[63] En témoignent les parutions suivantes : Even Hovdhaugen, Fred Karlsson, Carol Henriksen & Bengt Sigurd, The History of Linguistics in the Nordic Countries, Jyväskylä, Gummerus Kirjapaino Oy, « Societas scientiarum Fennicæ », 2000, pp. 365-366 ; The History of Learning and Science in Finland. 1828-1918 chez SSF (Helsinki), triptyque de Pentti Aalto (1917-1998) : Oriental studies in Finland, 1971; Classical studies in Finland, 1980 ; Modern language studies in Finland, 1987 ; Mikko Korhonen, Finno-Ugrian language studies in Finland, 1828-1918, Helsinki, SSF, 1986, pp. 162, 184.

Certes, les ethnographes finlandais citent plus Mikkola, et les phonéticiens davantage Pipping que Poirot ; mais cela se comprend justement par la position interculturelle de Poirot.

[64] Vol. 2 : 1909-1939, Éditions du CNRS-INRP, 1986.

[65] Éditions du CNRS, 1985.

[66] Absent aussi bien de Les Grammairiens et la phonétique ou L’Enseignement des sons du français de l’abbé Adrien Millet (Monnier, 1933) que de Laboratoire de langues et correction phonétique. Essai méthodologique de Pierre Roger Léon (Didier, 1962). Rien non plus dans Towards a history of phonetics. Papers contributed in honour of David Abercrombie sous la direction de Ronald E. Asher et Eugénie Jane Andrina Henderson (Écosse, Édimbourg, Edinburgh University Press, 1981).

[67] Compte rendu de la 77e réunion générale annuelle [11 janvier 1925], Annuaire de l’Association amicale des anciens élèves de l’École normale supérieure, 1925, pp. 66-67.