Nous y consacrerons trois parties centrées chacune
sur un des termes du sujet : I Les discriminations ; II Les
discriminations dans l’enseignement tout court ; III Les discriminations
dans le supérieur.
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La discrimination comme action et (donc) fait
de ne pas traiter tout le monde de la même manière sévit chez les personnes
dénuées de sens moral : la morale seule nous dit que tout ce qui touche la
naissance (que l’on soit homme ou femme, Français ou pas, riche ou pauvre) ou
toute autre chose qui ne dépende pas de nous (que l’on soit jeune ou vieux par
exemple) ne saurait définir la personne, en bien comme en
mal.
La discrimination est un préjugé qui mourra si
l’on en parle. Elle révolte en particulier quand on la retrouve chez les
enseignants, vu qu’ils prennent le rôle d’exemples souvent (explicitement ou
implicitement). Plus on est moral, moins on discrimine et plus cela serait
choquant. Donc l’enseignement doit montrer l’exemple, et en parler. Ce qui
complique aussitôt les choses.
Loin de tout égalitarisme et même loin de
pratiquer l’égalité, l’enseignant passe son temps à discriminer, à discriminer
ces individus qui sont des élèves, et ces documents notés que sont les copies.
Espérons qu’il pratique du moins l’équité : que l’élève en prenne pour son
grade, et la copie pour sa valeur. Espérons : le problème est là. En tout
cas, ou bien un enseignant discrimine ou bien il n’enseigne
pas.
L’enseignant peut introduire, en plus des critères
de notation et de jugement qu’il définit lui-même, des facteurs
extra-scolaires : le sexe, la nationalité, l’origine sociale (bref, la
naissance), l’âge, qui jouent positivement ou négativement. Peu importe dans
quel sens joue un facteur extra-scolaire : il est hors sujet dans
l’enseignement. En ce sens, un enseignement ne discrimine pas, ou bien alors
il n’enseigne pas.
Antinomie que l’on peut dépasser. Bref, la
discrimination comme fait de ne pas traiter tout le monde de la même
manière est à sa place dans l’enseignement si elle porte sur les
individus-comme-élèves-notés et sur les copies-comme-notées ; elle est
déplacée si elle porte sur les individus tout courts. Mais qu’a de spécifique
l’enseignement supérieur à cet égard ?
L’enseignement supérieur a en charge des concours
de recrutement nationaux, forme des chercheurs, prend position dans la
société.
Comme interlocuteur face aux médias, l’enseignant
dans le supérieur doit être à la pointe des luttes républicaines contre les
discriminations sociales existantes. Cette lutte se fait contre un passé
discriminatoire.
En charge des concours de recrutement des
personnels enseignants, le supérieur doit introduire dans ses critères de
jugement la moralité, pour éviter toute discrimination à
venir.
Comme formateur, le supérieur doit lutter contre
la discrimination au présent, non par des quotas (discrimination dite
positive) mais en ignorant les facteurs extra-scolaires (y compris
l’appartenance syndicale).
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L’enseignement doit veiller à montrer que sa
notation des êtres et des choses ne repose pas sur ce que le grand public
appelle la discrimination. La meilleure façon de le faire, c’est de prendre
position dans la société avec les réserves qui s’imposent ; de recruter des
enseignants éclairés, avec prise en compte de la moralité – paradoxe notable
in fine : ce critère moral est justement extra-scolaire, mais n’est
pas discriminant pour autant. C’est même une exception, en tous les sens du
terme.