Texte n° 1

 

C’est à Camille que s’adresse ici le père des trois Horaces. Le père tente de réconforter sa fille, qui était fiancée à Curiace, l’un des trois Curiaces tués par Horace. Quant à Sabine, elle est sœur des trois Curiaces et épouse d’Horace, le soldat vainqueur, seul survivant du combat, et qui bientôt reparaîtra sur scène.

 

Le vieil Horace

 

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Ma fille, il n’est plus temps de répandre des pleurs,

Il sied mal d’en verser où l’on voit tant d’honneurs,

On pleure injustement des pertes domestiques

Quand on en voit sortir des victoires publiques.

Rome triomphe d’Albe, et c’est assez pour nous,

Tous nos maux à ce prix nous doivent être doux.

En la mort d’un amant vous ne perdez qu’un homme

Dont la perte est aisée à réparer dans Rome :

Après cette victoire, il n’est point de Romain

Qui ne soit glorieux de vous donner la main.

Il me faut à Sabine en porter la nouvelle,

Ce coup sera sans doute assez rude pour elle,

Et ses trois frères morts par la main d’un époux

Lui donneront des pleurs bien plus justes qu’à vous :

Mais j’espère aisément en dissiper l’orage,

Et qu’un peu de prudence aidant son grand courage

Fera bientôt régner sur un si noble cœur

Le généreux amour qu’elle doit au vainqueur.

Cependant étouffez cette lâche tristesse,

Recevez-le, s’il vient, avec moins de faiblesse,

Faites-vous voir sa sœur, et qu’en un même flanc

Le Ciel vous a tous deux formés d’un même sang.

 

Corneille, Horace, 1640, acte IV, scène 3 : Le vieil Horace, Camille

Garnier-Flammarion, 1980, p. 336, vv. 1173-1194

 

Questions

 

1. Grammaire

 

1.1. Vocabulaire (4 points)

 

Expliquez les mots soulignés dans le texte :

 

- sied (vers 2) ;

- cœur (vers 17).

 

1.2. Morphosyntaxe (6 points)

 

Étudiez les infinitifs et les participes du texte.

 

2. Stylistique (10 points)

 

Rédigez un commentaire stylistique de ce passage.

 


Texte n° 2

 

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Je ne me représentais pas alors les villes, les paysages, les monuments comme des tableaux plus ou moins agréables, découpés çà et là dans une même matière, mais chacun d’eux comme un inconnu, essentiellement différent des autres, dont mon âme avait soif et qu’elle aurait profit à connaître. Combien ils prirent quelque chose de plus individuel encore, d’être désignés par des noms, des noms qui n’étaient que pour eux, des noms comme en ont les personnes ! Les mots nous présentent des choses une petite image claire et usuelle comme celles que l’on suspend aux murs des écoles pour donner aux enfants l’exemple de ce qu’est un établi, un oiseau, une fourmilière, choses conçues comme pareilles à toutes celles de même sorte. Mais les noms présentent des personnes ‒ et des villes qu’ils nous habituent à croire individuelles, uniques comme des personnes ‒ une image confuse qui tire  d’eux, de leur sonorité éclatante ou sombre, la couleur dont elle est peinte uniformément  comme   une   de   ces   affiches,  entièrement

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bleues ou entièrement rouges, dans lesquelles, à cause des limites du procédé employé ou par un caprice du décorateur, sont bleus ou rouges, non seulement le ciel et la mer, mais les barques, l’église, les passants. Le nom de Parme, une des villes où je désirais le plus aller, depuis que j’avais lu la Chartreuse, m’apparaissant compact, lisse, mauve et doux, si on me parlait d’une maison quelconque de Parme dans laquelle je serais reçu, on me causait le plaisir de penser que j’habiterais une demeure lisse, compacte, mauve et douce, qui n’avait de rapport avec les demeures d’aucune ville d’Italie puisque je l’imaginais seulement à l’aide de cette syllabe lourde du nom de Parme, où ne circule aucun air, et de tout ce que je lui avais fait absorber de douceur stendhalienne et du reflet des violettes.

 

 

Marcel Proust, « Du côté de chez Swann »

À la recherche du temps perdu [1916]

Gallimard, « Folio », 1954, pp. 450-451

 

Questions

 

1. Grammaire

 

1.1. Vocabulaire (4 points)

 

Expliquez les mots soulignés dans le texte :

 

- individuelles (ligne 20) ;

- uniformément (ligne 23).

 

1.2. Morphosyntaxe (6 points)

 

Étudiez les propositions relatives du texte.

 

2. Stylistique (10 points)

 

Rédigez un commentaire stylistique de ce passage.