Rachel Boutonnet,
Journal d’une institutrice clandestine, Ramsay, 2003, 290 p., 20 €
Ce véritable procès intenté aux Instituts universitaires de formation des maîtres, « bastion de la peur et de la haine du savoir », découragera les moins combatifs : il faut bien former les maîtres et il faut bien gérer ces 31 instituts employant quelque 5500 formateurs et plus de 10 000 formateurs associés. L’auteur de ce pamphlet, parfois répétitif (mais c’est la faute aux formateurs !), est une jeune institutrice aux idées bien campées mais pleine de bon sens : comment enseigner si la notion d’autorité est refusée, si les élèves (dans le jargon pédagogique : les « apprenants ») doivent « apprendre à apprendre » et eux-mêmes « construire leurs savoirs », si l’orthographe est mineure pour ne pas dire rétrograde et si l’erreur est très formatrice ? Et par quoi remplace-t-on l’enseignement des disciplines sous leur forme traditionnelle ? Par des « séquences » ludiques infantilisantes, par des activités de groupe ou des réunions qui occupent le temps. Le plus grave est que tout jeune enseignant doit accepter l’idéologie dominante, sous peine de subir une inspection pénalisant sa carrière ou l’empêchant tout simplement d’enseigner. Les éducateurs à la liberté ont décidément d’étranges méthodes, dirigées contre les élèves aussi bien que contre les instituteurs. |
Romain Vaissermann