Charles Péguy, Œuvres choisies : prose, mystères, poésie, Moscou, Rousskiy Pout’, 2006, 400 p., 13 € (disponible à la librairie YMCA-Press, 11 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, à Paris)

 

La critique russe a déjà salué ce bel ouvrage : Constantin Mil’tchine dans Inostrannaïa litératoura (n° 5, 2006), Victor Orlov de la Bibliothèque nationale russe, Tatiana Kassatkina dans Noviy mir (n° 4, 2007). C’est donc au tour du Porche !

Davide Rondoni a fourni dans Lui è qui . pagine scelte (Milan, Rizzoli, 1997), livre dont le succès ne se dément pas en Italie, l’ossature principale de cette anthologie russe, à savoir la partie consacrée à la prose. Mais la version russe de l’anthologie traduit aussi les propos de Hans Urs von Balthasar dans La Gloire et la Croix. Aspects esthétiques de la Révélation (t. II : « Styles », Aubier, 1965). Mieux : elle complète la prose par la poésie (pp. 357-393) et par cet entre-deux nommés « Mystères » (pp. 233-355). Il n’y a que cette disproportion qui soit quelque peu injuste : 40 pages de poésie régulière, pour 120 pages de vers libres. Cela est de nature à induire le lecteur en erreur, car Péguy a écrit bien plus de vers réguliers que de vers libres…

Mais l’essentiel est là : les Français avaient Péguy tel qu’on l’ignore depuis 1973 (l’importante année du centenaire de la naissance), les Italiens avaient Lui è qui depuis 1997 (l’année d’après la réédition de Péguy tel qu’on l’ignore en « Folio »)… les Russes ont depuis 2006 Избранное, titre signifiant littéralement « Choisi » et qui n’est pas sans rappeler l’anthologie que Gallimard a longtemps vendue comme « Le choix de Péguy ».

La traductrice principale, qu’il faut remercier, est Youliya Alexandrovna Guinzbourg, lauréate du Prix international des traducteurs et déjà traductrice de Blaise Pascal, d’Albert Camus ou encore de Saint-Exupéry. Nikita Struve a traduit la poésie régulière. Notons aussi la présence de traductions dues à Serge Avérintsev et Léon Zander, bien connus des péguistes français.

 

Romain Vaissermann