Pierre JUDET de LA COMBE et Heinz WISMANN, L’Avenir des langues, Cerf, « Repenser les Humanités », 2004, 242 p. – 20 €

 

Deux philologues, qui plus est classicisants, nous parler d’avenir ? Oui : la prospective gagne à s’élancer de loin. Partant du constat que « l’enseignement de la langue maternelle est devenu le vrai enjeu de l’éducation publique » dans le cadre européen, les auteurs montrent que la langue – « figure singulière de l’universel » – emporte avec elle la culture, et dépasse les langages techniques dont l’on voudrait doter les plus jeunes aux fins de carrière. Ce livre, issu d’un rapport sur l’avenir des études classiques en France commandé par l’Éducation nationale, est un plaidoyer pour l’apprentissage des langues que personne ne parle mais démontre aussi que les langues nationales ne sont pas des langues formelles (scientifiques, commerciales…), qu’il n’y a pas d’économie possible d’aucune langue formelle sans perte, que tel qui prétendrait à son profit n’utiliser qu’une seule langue, et qui serait formelle, ne serait en fait que son jouet, à la fois appauvri et utilisé par elle. J’y vois une double réponse à la tentation du « globish ».

 

Romain Vaissermann