Georges Lebouc, Le belge dans tous ses états.
Dictionnaire de belgicismes, grammaire et prononciation, Bonneton, 1998,
160 pp. – 59 FF
Même si le
titre peut fallacieusement laisser penser que le français parlé – et écrit –
en Belgique a acquis le statut d’une langue à part entière, le vade-mecum de
cet universitaire belge constitue pour tout honnête homme attaché à la langue
française un livre indispensable, tant il est complet. L’accent
« belch », souvent caricaturé, peut provoquer
« centéyune » difficultés de compréhension : « est-ce
possîbel ? » me demandez-vous ; « terrîp ! »,
vous dis-je. Ajouter à cela une syntaxe légèrement décalée :
l’expression de l’heure (entre l’heure de midi = pendant l’heure du
déjeuner, sept heures quart = 7h15, la demie de huit heures =
8h30, le quart de midi = 11h45…), les réponses (non
peut-être ! ne signifiant ni « non » ni
« peut-être » mais « bien sûr »), les idiotismes (être
chocolat bleu pâle, tenir les cinq minutes avec quelqu’un).
Exercez votre sagacité – et non votre œil critique – sur ces deux
phrases : S’il demande qu’est-ce que vous dites, répondez qu’il
s’occupe de ce qui ne lui regarde pas ! Tout qui vous verrait serait
alors étonné ! (S’il demande ce que vous dites, répondez qu’il
s’occupe de ce qui ne le regarde pas. Tous ceux qui vous verraient seraient
alors étonnés !) Une originalité enfin : le recensement des faux
amis certes (bonbons, camisole, pistolets), mais aussi des mots que
les Belges croient leurs alors qu’ils appartiennent bel et bien au français
de France (bintje, compendieusement, manique, rebiquer, toqué), et des
mots que les Français attribuent aux Belges à tort : Belgeois,
belgeoisant... À conseiller aussi bien au touriste qui rendra visite à
nos voisins francophones qu’à ceux que le livre, aperçu géo-linguistique à
lui seul, dispensera précisément du voyage. |
Romain Vaissermann