Compte rendu

 

 

Abbé Joseph Lémann, Jeanne d’Arc et les héroïnes juives. Panégyrique prononcé à Orléans en 1873. 444e anniversaire [de la délivrance d’Orléans], Cadillac (33410), Éditions Saint-Rémi, 2006, 4 , 32 p. (réédition de : Villegenon, Éditions Sainte Jeanne d’Arc, 2002)

 

 

Pour inaugurer cette rubrique qui rendra compte des éditions et rééditions d’ouvrages consacrés, on s’en doute, à Jeanne d’Arc et/ou Charles Péguy, voici une curieuse brochure proposant le fac-similé d’un discours qui date de l’époque où dans les classes se pratiquait couramment le genre littéraire du parallèle. Le parallèle dont il s’agit tourne vite à la démonstration de la supériorité des saintes chrétiennes sur celles de l’Ancien Testament :

 

Une femme – il n’y a qu’en Judée et en France où Dieu ait osé de pareils libérateurs !

Débora, Judith, Esther, libératrices et gloire du peuple Juif ; Clotilde, Geneviève, Jeanne d’Arc, libératrices et gloire du peuple Français.

Pareille phalange guerrière n’a passé chez aucun peuple.

 

L’abbé Joseph Lémann (1836-1915) était, tout comme son frère jumeau Augustin (1836-1915), un Juif converti devenu prêtre catholique du clergé de Lyon. Il est donc particulièrement bien placé pour aborder le thème des relations entre peuple français et juif, comme dans l’ample péroraison du panégyrique, adressée ce 8 mai 1873 aux Israëlites :

 

Entre vous [qui avez tué le Christ] et nous [qui avons tué Jeanne et Louis XVI], Messieurs, il y a donc ressemblance jusque dans les fautes.

Eh bien ! qu’entre vous et nous, il y ait encore une toute dernière ressemblance : la ressemblance dans le repentir et la réparation.

Un jour, nous, peuple juif, nous devons nous repentir. Le Dieu de nos pères nous a promis cette grâce. Toute la terre le sait et l’attend. Ô peuple français, noble peuple, le premier de tous les peuples, puisque, jusque sur nous-mêmes tu as eu la supériorité, peuple français, sois-nous encore supérieur dans le repentir et la réparation !

Sois-nous supérieur en nous donnant l’exemple du repentir. Donne-nous cet exemple, ô peuple de la nouvelle alliance ; donne-le à ton pauvre frère, si longtemps obstiné, de l’ancienne alliance ! Il y a quelque chose à faire vis-à-vis de ta vierge martyre, vis-à-vis de ton roi-martyr. Fais-le, ô noble peuple ; peuple français, fais-le : afin qu’à son tour le peuple juif ait aussi le courage de tomber à genoux devant le Calvaire, en criant : Pardon, pardon !

 

L’éditeur de ce discours instructif, bien révélateur d’une époque et superbement écrit n’est pas très connu. On fera sa connaissance sur son site editions.saint-remi.chez-alice.fr sans lui faire trop grief de prétendre militer « pour la sauvegarde de la littérature catholique » en restreignant cette dernière aux « écrits des Saints, des Papes, des Pères et Docteurs de l’Église, des grands auteurs anti-libéraux ». Voici un extrait de son catalogue, composé pour l’essentiel de fac-similés et qui intéressera, malgré son parti pris, tout johanniste :

 

Père Jean-Baptiste Joseph Ayroles :

Ø       Jeanne d’Arc sur les autels et la régénération de la France (1885)

Ø       L’Université de Paris au temps de Jeanne d’Arc et la cause de sa haine contre la libératrice (1902)

Ø       La Vraie Jeanne d’Arc (1890-1902 ; bien complet des 3625 pages !)

Mgr Ernest Jouin, Jeanne d’Arc. Mistère en cinq actes et dix-huit tableaux (1909)

Marquis André de La Franquerie : Jeanne d’Arc la Pucelle (1956)

Dom Henri Leclerc : Le Procès de Jeanne d’Arc et son procès de réhabilitation (1906)

Juliette Maldan : Sainte Jeanne d’Arc (s.d.)

Abbé Marie-Léon Vial, Jeanne d’Arc et la monarchie (1910)

 

R. Vaissermann