Jean PHILIPPE, Bernard Lazare tel que Péguy l’aimait, Labarre (Ariège), L’Agasse éditeur [1 rue Albert Camus, 09000 Labarre], 2001, 160 p.

 

Un livre d’amateur éclairé, qui n’en est pas à son premier ouvrage ayant trait à la Belle époque[1]. Un de ces livres honnêtes tels qu’on les aime, porté par une vibrante admiration personnelle envers Lazare, un livre écrit pour rendre justice à ce grand homme à travers des temps clefs : la formation du publiciste, l’Affaire Dreyfus, la mort du cancer, les hommages rendus, celui de Péguy sans mélange, celui des Gardois plus mêlé, celui du fidèle Pierre Quillard.

Ayant lu ses illustres prédécesseurs Nelly Wilson, Jean-Denis Bredin, Léon Chouraqui et Philippe Oriol, Jean Philippe reprend leurs conclusions en une prose alerte et lyrique, parvenant même à nous offrir quelques belles trouvailles historiques : le bibliophile averti a retrouvé le premier poème de Bernard Lazare (p. 29) ; le bibliographe scrupuleux date d’avant l’été 1897, du mois de février 1897 exactement, le changement de nom de « Lazare Bernard » en « Bernard Lazare », (p. 146 note 7). Ce livre nous suggère même de ne pas sous-estimer le rôle qu’a joué Lazare dans la conversion de Péguy (p. 108).

Le lecteur n’aura guère à regretter que trois défauts. Un seul manque d'information : la visite de Matthieu Dreyfus à Drumont semble envisagée, alors qu’il est établi qu’elle n’eut pas lieu (p. 55). L’auteur ne précise pas s’il pense au « Cercle Charles Péguy », à l’ordre des « Compagnons de Péguy » ou encore aux « Amis de Charles Péguy » de Marcel Péguy sous les qualificatifs d’associations « nationales-catholiques » et d’« ultra-conservatrices », en tous les cas trop vite plaqués sur les groupuscules susmentionnés (p. 87). Enfin, le livre n’a manifestement pas bénéficié d’une relecture nécessaire : les coquilles ou les fautes d’orthographe sont bien trop nombreuses.

Il s’agit quoi qu’il en soit d’un beau livre au prix raisonnable de 18,60 euros (122 FF), muni de quelques illustrations noir et blanc, de notes précises, d’une chronologie simplifiée de l’Affaire et enfin d’une bibliographie succincte. C’est grâce à ces francs-tireurs de l’édition que vit le livre ; c’est grâce à ces livres passionnés que vivent les grands noms de l’histoire. À nous péguistes de leur faire l’accueil qui se doit !

L’ouvrage peut être commandé directement sur le site www.lagasse.com et rapidement : le tirage a été limité à 300 exemplaires, tous numérotés.

 

Romain Vaissermann

 



[1] Lire de lui les Chroniques ariégeoises d’Octave Mirbeau, L’Agasse, 2000.