Philippe SALAZAR,
L’Art de parler. Anthologie de manuels d’éloquence, Klincksieck,
« Cadratin », 2003, XXII + 362 pp. – 20 €
Vous redoutez le moment de parler en public ? Vous êtes curieux de l’histoire de la rhétorique ? Dans les deux cas, qui ne s’excluent pas, rassurez-vous : un livre soigné vous donnera un panorama des manuels d’éloquence, depuis les inévitables Platon et Aristote jusqu’au Règlement de notre Assemblée nationale. Chaque texte, de huit pages environ, est précédé d’une petite introduction, contextuelle ou biographique. Ce recueil, au choix judicieux, se recommande d’une langue claire ; le complète un précieux glossaire. L’art de parler, qui peut tromper, réside, utilisé à bon escient, au cœur de notre culture politique européenne. Constante des divers Empires, l’art de parler illustra le français en un temps dont nous voudrions qu’il revienne : « L’Éloquence française a rempli le monde de son bruit. Elle a renversé des trônes et failli sauver des monarchies ; on ne citerait pas une réforme, politique ou sociale, qui ne soit née de la tribune ; elle a donné des ailes à toutes les idées généreuses et doublé la puissance de séduction des chimères ; chaque fois qu’elle s’est tue, l’humanité a paru sans voix ; une aurore d’espérance a salué chacun de ses réveils ; pour dire le bien et le mal qu’elle a faits, il faudrait raconter l’histoire de la France depuis un siècle. » (Joseph Reinach, L’Éloquence politique, 1899). |
Romain Vaissermann