Chers Amis,
Yves Avril quitte la
présidence. Approuver cette retraite souhaitée est le moins que notre Assemblée
générale et notre Conseil d’administration aient pu faire pour le remercier de
ce qui s’appelle dix ans de bons et loyaux services. Notre président les a
rendus à l’Association, d’abord mise sur pied en 1996 et aujourd’hui stable. À
nos amis russes, polonais et finlandais, au nom desquels je le remercie
volontiers de son aide, de ses voyages, de ses courriers, de son hospitalité… À
notre bulletin aussi, dont il fut l’homme-orchestre, humble traducteur
consciencieux, coordinateur et rédacteur en chef, correcteur et éditeur. À
Jeanne d’Arc et Charles Péguy, dont il a propagé la bonne connaissance au-delà
de nos frontières et même en France.
Heureusement pour nous,
qui avons une grande dette à son égard, il continuera de rendre ces services en
tant que président d’honneur. Le bulletin en aura besoin, dont la maquette
évoluera et dont l’on souhaite que la qualité – notamment celle des traductions
– ne soit pas trop inférieure à celle qu’il a atteinte aujourd’hui[1].
L’autre changement ne revient guère qu’à institutionnaliser le dévouement déjà
efficace d’Elsa Godard (nouvelle « secrétaire générale »), pour
nommer celle dont les fonctions semblent évoluer. Le siège orléanais de
l’Association reste inchangé.
Katarzyna Kern-Pereira nous a
d’ailleurs fait part qu’elle organise dans le cadre du Centre « Europe de
l’Espérance » :
– du 9 au 11 mars 2007, à Cracovie,
avec les sœurs de Notre-Dame-de-Sion, un colloque sur « La Croix et la Mezuzah[2] : ensemble ou séparément ? », avec
notamment la participation de Salomon Malka ; dans le cadre de ce colloque
est organisée une visite au Centre de dialogue et de prière du père Manfred
Deselaers à Auschwitz.
– du 9
au 12 juin 2007, à Bialystok,
une session-retraite sur la « Mystique de
l’amitié ». Entre autres participants francais, Matthieu
Dubost et Alain Finkielkraut y sont attendus. Une journee sera consacrée à
une visite de la synagogue de Tykocin (XVIIe siècle ;
aujourd’hui musée judaïque) et à Belzec, que d’aucuns nomment le camp
d’extermination nazi le plus terrible (un seul survivant). Le caractère de ces
rencontres, non purement académiques, attirera, espérons-le, le plus grand
nombre des lecteurs du Porche : il y a place pour tout type de
témoignages ou biographies en rapport avec ce si beau thème.
Faire rayonner le centre de
Saint-Pétersbourg. Il est
aujourd’hui si connu qu’il essaime même en des pays voisins. Les rencontres
pétersbourgeoises sont presque annuelles, où Jeanne d’Arc et Charles Péguy ne
sont jamais oubliés.
Faire se rencontrer les chercheurs concernés par nos deux figures tutélaires :
« johannistes » et « péguistes », d’ici ou d’ailleurs. La
liste des collaborateurs des bulletins publiés dans les années 1996-2004 –
liste parue dans notre numéro 18 – montre suffisamment que cette communauté est
active et liée par des liens d’amitié.
Traduire des textes russes dans des bulletins « tout en
français ». L’honnêteté nous oblige à cette citation littérale, pour
montrer que nous n’avons pas failli à l’esprit de notre programme éditorial.
Nous avons en réalité entièrement répondu à notre objectif premier, tout en
produisant il est vrai des textes originaux – par amour des langues – et des
traductions d’autres langues que le russe, du fait de l’élargissement de notre
sphère d’intérêt, sans préjudice porté aux traductions du russe : que l’on
consulte en troisième de couverture la longue liste des Actes des
colloques pétersbourgeois, qui n’ont jamais paru plus de deux ans après-coup.
Nous avons par ailleurs
demandé à Alain Gaussérès, qui a fait partie de la délégation française au
colloque de Cracovie (« Cité de la terre, cité du ciel »), de nous
faire partager, très librement, ses impressions. Nous le remercions vivement
d’avoir bien voulu répondre à notre demande. Les Actes de ce colloque
seront, eux aussi, publiés dans Le Porche.
Après un article de votre serviteur,
préludant lui aussi aux Actes du colloque de Pieksämäki, un doctorant de
l’Université d’Orléans, Yann Rigolet, nous présente une étude inédite sur
Jeanne d’Arc sous Vichy, que viennent compléter quelques données fournies
par l’Institut National de l’Audiovisuel. Nous avons complété cette partie
johannique par un résumé du mémoire qu’une jeune estonienne, Marika Põldma,
a soutenu en 2005 devant le Collegium Humaniorum Estoniense de Tallinn
après l’avoir préparé sous la direction de Tanel Lepsoo, professeur à
l’Institut scientifique français de Tartu.
Viennent ensuite deux textes,
johanno-péguistes, que notre ami Claude Fournier a bien voulu nous communiquer
et qu’il a rédigés pour deux récentes émissions de R.C.F. Orléans, la première
diffusée le 5 mai 2006, la seconde les 15 et 19 mai 2006.
C’est grâce à Anne-Marie Beau, une de
nos plus anciennes et plus fidèles adhérentes, que nous avons reçu un
remarquable témoignage de Joseph Ageorges sur Charles Péguy, témoignage
injustement tombé dans l’oubli. L’écrivain berrichon Joseph Ageorges
(1877-1957), ami de Georges Goyau, Paul Archambault et Louis Chaigne,
était notamment l’auteur de La Sublime folie de Charles Péguy
(Lethielleux, « Publicistes chrétiens », 1941) et de L’A.C.J.F. de
sa fondation à nos jours (Casterman, 1942), qui rencontrèrent un vif succès
auprès du public ; sa femme, connue sous le pseudonyme de Marguerite
d’Escola, fut une femme de lettres prolixe, dont les articles, romans et
biographies parurent entre 1908 et 1961. L’article ici republié avait paru dans
Voix universitaire. Organe des étudiants et des étudiantes catholiques,
le 1er juin 1946. Ce périodique, fondé le 18 mars 1945, était
celui d’un groupe d’étudiants, dont faisait partie Yves Rey-Herme, ancien
président de l’Amitié Charles-Péguy, et qui se réunit d’abord au 61, rue
Madame, puis chez les pères maristes au 104-108, rue de Vaugirard. Remercions
Anne-Marie Beau d’avoir su retrouver cet article et de l’offrir aux lecteurs du
Porche.
Romain Vaissermann
[Au moment où nous mettons sous presse, Lioudmila
Chvedova a très brillamment soutenu devant l’université de la Sorbonne sa thèse
de doctorat sur les Métaphores de la cathédrale médiévale dans les
littératures russe et française des XIXe et XXe siècles,
dirigée par monsieur le professeur Jean-Louis Backès. Lioudmila Chvedova en
offre un résumé aux lecteurs du Porche, qui ont déjà pu lire un
avant-goût de ses recherches dans plusieurs anciens numéros du Porche
(8, 10, 12, 14, 17 !) :
Cette
recherche comparative est consacrée à l’étude du système métaphorique de la
cathédrale médiévale dans les littératures russe et française des XIXe
et XXe siècles. Les métaphores classiques de la cathédrale-livre, de
la cathédrale-être animé et de la cathédrale-végétal sont au centre de ce
travail. La cathédrale concrète, palpable se dématérialise progressivement pour
se transformer en mystérieuse cathédrale engloutie ou en précaire cathédrale de
brume. Réhabilité et valorisé par les romantiques, l’édifice médiéval commence
à servir lui-même de modèle de comparaison, ce qui entraîne le renversement des
métaphores. Symbole du sacré, lieu de culte, l’édifice religieux se
métamorphose sous la plume des écrivains. La multiplicité des représentations
de la cathédrale créée dans la littérature frappe et touche par sa beauté en
constituant un véritable kaléidoscope d’images surprenant par son originalité
et par sa profondeur.]
[1] Cela commence pourtant mal : qu’il me soit permis de rectifier ici la date de la mort du père Augustin Lémann, indiquée de manière erronée dans mon précédent compte rendu (Le Porche, n° 21, p. 86) : il s’agit de 1909 et non de 1915.
[2] Mon dictionnaire m’apprend qu’il s’agit d’un petit rouleau de parchemin contenant « Écoute Israël ! » (Dt, VI, 4-9 et XI, 13-21) et disposé dans un étui sur le montant droit de la porte d’entrée des maisons juives. Les religieux touchent cet étui et embrassent leurs doigts avant de franchir la porte.
[3] Vous vous dites peut-être : je n’ai pas le
numéro 1, je ne puis en juger. Rassurez-vous et réjouissez-vous, même :
Régine Lefebvre vient de numériser pour nous les premiers numéros, épuisés, du Porche.
Grâce à elle, ils seront bientôt gratuitement disponibles en ligne sur
internet, en attendant d’être réimprimés.