Éditorial
Les exposés du colloque d’Orléans
nous sont bien parvenus. Devant l’abondance de la matière à publier, qui excède
la taille de deux bulletins ordinaires, sans doute proposerons-nous en 2010, à
titre exceptionnel, deux Porche – au lieu des trois habituels – dont un
numéro double : cela permettrait de regrouper en deux volumes les Actes,
dont c’est ici la première livraison. L’autre Porche de 2010 sera le
numéro thématique. Notre lecteur n’y perdra rien en nombre de pages à lire dans
l’année ; nous pouvons lui garantir en outre, puisque la copie est devant
nos yeux, qu’il ne perdra rien non plus en qualité.
Le plan que nous suivons dans la
publication de ces Actes a le mérite de la simplicité : il épouse
l’ordre des communications, lui-même ayant été dicté par des considérations
chronologiques. L’histoire littéraire y trouvera donc son compte. Qu’on nous
permette de ne pas donner ici un aperçu succinct de chaque contribution :
les résumés, fournis avant et pendant le colloque, en ont déjà tenu lieu.
Ne figureront enfin dans ce
numéro que des exposés : les comptes rendus en attente ainsi que d’autres
articles indépendants attendront les numéros suivants pour paraître. Ainsi le
veut la règle des 80 pages, justifiée par des considérations matérielles et,
pour tout dire, postales. Nos articles ont, à leur façon, un certain
« prix au kilo », ou plutôt au gramme près, comme ces matières
hautement précieuses que sont les épices.
Et donc, au sortir de cet
apéritif, nous sommes finalement libres de notre éditorial, où nous voudrions
livrer quelques réflexions de simple paroissien sur l’idée, originale, émise
par monseigneur de Germiny lors des fêtes johanniques, dans l’homélie que nous
reproduisons ci-après : déclarer Jeanne d’Arc… Docteur de l’Église.
Notre encyclopédie Théo
nous apprend qu’un Docteur de l’Église est d’abord un théologien, qui s’est
montré particulièrement fiable : sa doctrine est orthodoxe, sa vie est
sainte, son œuvre est importante. Certains Docteurs sont Pères de l’Église
(Basile de Césarée, Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome…) mais certains sont
postérieurs à l’époque patristique (Albert le Grand, Bonaventure, Thomas
d’Aquin…). François de Sales et Thérèse de Lisieux sont les seuls à avoir écrit
en langue française. Si Jeanne d’Arc devenait Docteur de l’Église en plus des
33 autres universellement reconnus, elle prendrait place entre Catherine de
Sienne (1347-1380) et Thérèse d’Avila (1515-1582) ; elle serait en effet
le premier Docteur du XVe siècle. La quatrième femme Docteur, après
Thérèse d’Avila et Catherine de Sienne (1970), puis Thérèse de Lisieux (1997).
La seconde, surtout, à ne rien avoir véritablement écrit, après Catherine de
Sienne, qui ne savait probablement pas écrire et ignorait le latin. Celle enfin
qui aurait eu la vie terrestre la plus brève : le plus jeune Docteur de
l’Église est aujourd’hui Thérèse de Lisieux, décédée à 24 ans…
Malgré cette série
d’originalités, l’idée a donc été lancée, et nous verrons si elle fait long
feu, comme celle de faire entrer Charles Péguy au Panthéon. Mais nos deux
figures tutélaires ont décidément le vent en poupe. Et si Jeanne ne devient pas
Docteur, on pourra, pour se dire que ce titre n’est pas si important, rappeler
le mot de Péguy dirigé contre saint Thomas, dans la Note conjointe :
« Un grand docteur considéré, célébré, consacré ; dénombré.
Enterré. » Que l’on ne déclare pas Jeanne Docteur pour l’enterrer !
Bonne lecture, et bonne année
nouvelle à tous !
Romain Vaissermann, président du
« Porche »