Voici à titre de pièce à conviction une traduction de quelques vers de Shakespeare (merci sainte Jeanne d’Arc !) :

 

1590

William Shakespeare

Henry VI

Acte I, sc. 8. Orleans

 

Pucelle

 

Advance our waving colours on the walls;

Rescu’d is Orleans from the English.

Thus Joan la Pucelle hath perform’d her word

 

Charles

 

Divinest creature, Astræa’s daughter,

How shall I honour thee for this success?

Thy promises are like Adonis’ gardens,

That one day bloom’d and fruitful were the next.

France, triumph in thy glorious prophetess.

Recover’d i the town of Orleans.

More blessed hap did ne’er befall our state.

 

Reignier

 

Why ring not aut the bells aloud throughout the town?

Dauphin, command the citizens make bonfires

And feast and banquet in the open streets

To celebrate the joy that God hath given us.

 

Alençon

 

All France will be replete with mirth and joy

When they shall hear how we have play’d the men.

 

Charles

 

‘Tis Joan, not we, by whom the day is won;

for which I will divide my crown with her;

and all the priests an friars in my realm

shall in procession sing her endless praise.

A statelier pyramis to her I’ll rear

Than Rhodope’s of Memphis ever was.

In memory of her, when she is dead,

Her ashes, in an urn more precious

Than the rich jewell’d coffer of Darius,

Transported shall be at high festivals

Before the kings and queens of France.

No longer on Saint Denis will we cry,

But Joan the Pucelle shall be France’s saint.

Come in, and let us banquet royally

After this golden day of victory.

 

*

 

Henri VI

 

Jeanne

 

Hissez haut nos couleurs, hissez-les aux remparts :

De la mainmise anglaise Orléans est sauvée

Et Jeanne la Pucelle a donc tenu parole.

 

Charles

 

Créature divine, toi la fille d’Astrée,

Dis-moi comment récompenser ce beau succès.

Au jardin d’Adonis font songer tes promesses :

Un jour voit une fleur, et le suivant, le fruit !

France, glorifie-toi d’avoir la prophétesse

Qui tira du danger la cité d’Orléans !

Jamais notre royaume à nous n’eut un tel jour.

 

René

 

Mais que ne sonne-t-on les cloches par la ville ?

Dauphin, allumez donc partout des feux de joie :

Que les bons citoyens sur les places festoient

Pour à Dieu faire, en allégresse, action de grâce.

 

Alençon

 

Quelle liesse en la France à l’annonce

Qu’en vrais braves nous avons vaincu !

 

Charles

 

Tout le succès revient non à nous mais à Jeanne :

Je veux donc partager ma couronne avec elle,

Tout prêtre et tout moine du royaume devront

En procession chanter ses louanges sans fin.

Je veux lui dédier un monument plus grand

Que la pyramide de Rhodope à Memphis !

J’exige que l’on garde, après sa mort, ses cendres

Dans une urne qui dépasse en beauté ce coffre

Aux précieux joyaux que possédait Darius ;

Pour qu’aux jours solennels, devant les rois, les reines

De France, on invoque non plus Denis mais Jeanne !

Entrons et célébrons avec faste au banquet

L’éclatante victoire dont ce jour est marqué.