Voici, à titre de pièce à conviction, un poème sur Jeanne d’Arc en version bilingue (merci Yves Avril !) :

 

 

XVe siècle

Anonyme

 

 

Nata erat agresti cuidam paupercula virgo,

Quam virtute sua Deus immortalis amabat,

Ut primo ipsius sat demonstrarat ab ortu ;

Namque illa qua nocte Magis apparuit astrum,

Quod perduxit eos ad Sacra Virgine natum,

Egressa in lucem fuerat genitricis ab alvo.

Finibus extremis Francorum rure propinquo.

Ambo ipsius erant justique piique parentes.

Illa nocte autem visa hæc miranda fuerant :

Magna etenim cunctos illius ruris alumnos

Lætitia invasit, licet ejus origine nondum

Nota ; quin immo cupientes noscere causam

Lætitiæ, toto currebant undique rure.

Galli præterea, velut præsagia dantes

Laetitiae præter solitum, cecinere per horas

Cecinere binas, monstrantes gaudia gestis.

Hic infans alitur, sacroque a fonte Johanna

Nomen habere datur ; quæ cum pervenit ad annos

Septem, ovium custos a paupere patre

Efficitur, quas tam bene custodivit in omne

Tempus ut illæsas semper servaverit omnes,

Dumque casam patris coluit (mirabile dictu !)

Nec fera, nec latro, nec fur sibi quivit obesse,

Totaque continua usa est pace quieta.

 

 

*

 

 

XVe siècle

Anonyme

 

 

Certain paysan eut un jour une fillette

Que le Dieu immortel chérit pour sa vertu,

Comme il l’avait manifesté dès sa naissance ;

Car, en la même nuit où l’étoile apparut

Aux Rois qu’elle guida vers l’enfant de la Vierge,

La fille était sortie hors du sein de sa mère.

Ses pieux et bons parents vivaient en bonne entente,

Habitant un village aux marches de la France.

Or pendant cette nuit survinrent des prodiges :

Saisit les gens du lieu une immense allégresse,

Bien que personne encor n’eut su qui était né.

Car tous, impatients de découvrir la cause

De leur joie, affluaient de partout au village

(D’ailleurs les coqs en prélude à l’événement,

Avaient chanté deux heures, contre leur coutume,

Montrant qu’ils partageaient l’allégresse commune).

 

L’enfant grandit là-bas ; et reçut le prénom

De Jeannette, à la Source sacrée ; à sept ans

Son père, assez pauvre, lui donna ses brebis

À garder ; ce que Jeanne toujours fit si bien

Que jamais sous sa garde elles n’eurent d’atteintes ;

Qu’elle habita chez lui sans que (chose admirable)

Son père vît bandit, larron ni bête fauve.

Leur chaumière connut une parfaite paix.