Deuxième dictée de l'É.N.S. (12 mai 1999)

Des agapes qu'on eût voulu sans encombre

Quelque maigres qu'aient pu paraître les arrhes qu'étaient censés avoir versées l'ancienne élève et le caïman qui invitaient, même si elle ou lui disait s'être repenti de cette avance, fallait-il que l'intendance sollicitât son complément des gracieuses conscrites comme leur dû, selon l'article deux cent du règlement de l'École normale ? Pouvait-on tenir pour nuls les droits que l'administration s'était arrogés ? Était-on sûr que la plupart des normaliens dînant ce soir-là compléteraient l'acompte ?

En tout cas, plus d'un patientait devant l'entrée exiguë du pot. Tout à coup, une furie aux cheveux fauves, après qu'elle eut infligé, à coups de bottillons, une raclée à certain racoleur sans aucuns principes, se mit à lui réclamer, nu-pieds, ses jades, qu'elle n'avait pas vu rafler. « Juste ciel ! où sont mes gemmes nonpareilles ? », fit-elle en pleurs, sens dessus dessous. Ça alors ! Tout le monde tâchait de refréner son hystérie, sauf deux persifleurs qui l'aggravaient.

Quelles sottes gens se sont alors crus retournés comme « aux temps anciens, aux temps barbares » ! C'étaient ces comparaisons, et non l'abasourdissement, que l'on a vues s'imposer. D'autres (quels braves gens) ont aussi tôt que possible, avec les jades retrouvés au-dehors, payé la somme due pour le repas. Mais vu les mille et les cents que ces bijoux avaient coûté, cette échappatoire, plus critiquable que je ne l'avais alors jugé, est une des pires grivèleries que j'aie vues.

Variantes acceptées

qu'on eût voulues au lieu de qu'on eût voulu
l'entrée exiguë du Pot au lieu de l'entrée exiguë du pot
Juste ciel ! Où sont au lieu de Juste ciel ! où sont
réfréner au lieu de refréner